Cameroun: pourquoi la voyance est désormais mal vue

Le Cameroun entre tradition et modernité

Le 15/04/2025 à 14h29

VidéoLes Camerounais recourent à la voyance, espérant trouver des solutions à leurs problèmes, accéder aux mystères de l’avenir, aux secrets enfouis dans un lointain passé. Mais le nombre des personnes qui croient encore aux pouvoirs surnaturels de la divination diminue au bénéfice des religions qui proscrivent de telles mécréances. Les avis des uns et des autres.

Le tradipraticien lance les cauris sur une natte. Une fois retombés sur le sol, ces petits coquillages sont censés décrire certains évènements passés et prédire ceux à venir. Cette pratique s’appelle la voyance et se décline selon divers procédés pour les mêmes finalités. Un «don surnaturel», acquis après initiation. Certains vont jusqu’à affirmer qu’ils sont nés avec.

Mais force est de constater le désintérêt que les populations accordent à cette pratique pourtant ancestrale commune à toutes les communautés comme le rappelle un octogénaire d’un village de la région du Centre: «On consultait un voyant généralement lorsqu’on était dans une situation confuse. Par exemple, lorsque vous vivez avec une femme et que vous voulez savoir si elle est sorcière ou non, vous allez consulter un voyant. Même chose si vous voulez savoir si un voyage va bien se dérouler ou non, vous prenez rendez-vous chez le voyant. D’autres personnes peuventaussi consulter des voyants pour mieux planifier leur avenir et celui de leurs enfants», a-t-il déclaré avant de regretter que plusieurs pratiques ancestrales ont presque disparu.

Une disparition qui serait due en partie à la venue en Afrique en général et au Cameroun en particulier du christianisme et à d’autres religions. Kégné Clarisse est une chrétienne qui s’oppose farouchement à la voyance, «Jésus Christ seul me suffit. C’est lui qui est mon alpha et mon oméga. Je ne peux pas recourir à d’autres pratiques que celles que la bible me prescrit», a-t-elle déclaré.

Il y a tout de même quelques rares personnes encore attachées à leurs us et coutumes qui consultent encore les voyants, mais sont rebutées les escrocs qui abusent de leur confiance.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 15/04/2025 à 14h29