Ces Camerounaises qui aiment les «petites bastonnades» conjugales

Une rue de Yaoundé.

Le 06/12/2023 à 16h00

VidéoLes 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et à la jeune fille se poursuivent au Cameroun. Pouvoirs publics et acteurs de la société civile multiplient des actions de sensibilisation pour réduire de manière considérable les cas de violences auxquels la gente féminine est confrontée. Seulement, une donnée complique cette lutte. De nombreuses femmes mariées ne semblent pas entièrement contre les châtiments corporels dans leurs foyers.

Plus de 30 cas de féminicides ont déjà été enregistrés au Cameroun depuis le mois de janvier 2023. Parmi ces cas, plusieurs sont issus des violences conjugales. Ainsi, le ministère de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff) et ses partenaires, notamment le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa), multiplient les stratégies pour réduire ces violences à travers des campagnes de sensibilisation tant dans les zones urbaines que rurales.

L’occasion est une fois de plus saisie durant les 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes qui se tiennent chaque année du 25 novembre au 10 décembre. Durant cette période, des actions sont redoublées sur le terrain pour plus d’impact auprès des différentes cibles.

Seulement, tandis que la communauté nationale se bat becs et ongles pour protéger la femme camerounaise de toute menace, certaines d’entre elles dans les foyers soutiennent que la violence physique sur la gent féminine peut contribuer au renforcement des liens entre conjoints.

Cindy Elah, une jeune dame âgée d’environ 32 ans déclare d’ailleurs: «honnêtement si mon mari ne me tape pas de temps en temps, j’aurai l’impression qu’il ne m’aime plus. Une ou deux claques ou encore une petite bastonnade ne me gêneraient pas».

Comme elle, plusieurs autres femmes sont dans cette logique même si toutes sont unanimes sur le fait que ces châtiments corporels ne doivent pas être très violents de peur de les défigurer le visage ou d’abimer leurs peaux.

Pour Mariam, rencontrée non loin du marché Etoudi à Yaoundé, c’est toute cette ambiance qui rend la vie agréable entre les couples.

Quand est-il du côté des hommes? Aimeraient-ils poursuivre leurs vies avec des femmes qui aiment la violence? Tous les hommes que nous avons rencontrés dans les rues de la capitale du Cameroun ont répondu par la négative. Pour eux, les couples doivent au maximum éviter la violence pour le plein épanouissement des enfants.

Une raison d’intensifier la sensibilisation dans l’espoir de réduire, et pourquoi pas, éliminer les violences faites aux femmes.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 06/12/2023 à 16h00