Conakry: la T7-T8, le cauchemar motorisé des automobilistes

L'état lamentable de la route T7-T8 de Conakry.

Le 21/09/2025 à 11h12

VidéoÀ Conakry, s’il y a un tronçon qui fait souffrir les automobilistes, c’est bien la T7-T8 sur la route nationale. Et ce ne sont pas les quelques graviers précipitamment éparpillés pour combler les cratères, qui y changeront quelque chose. Le mal est beaucoup plus défoncé.

Le spectacle est devenu presque banal: des voitures englouties dans des flaques, d’autres zigzaguant à la recherche du moindre passage praticable, des chauffeurs contraints d’inventer toutes sortes de manœuvres pour éviter les nids-de-poule... Malgré leurs efforts, certains finissent par céder.

Alhousseyni Doumbouya, conducteur de taxi, raconte avoir passé toute une nuit immobilisé sur ce tronçon, incapable de se dégager. «J’ai passé la nuit ici. La veille, ma voiture est tombée en panne, il me fallait trouver une pièce de rechange que j’ai achetée à 150.000 francs. Une toute petite pièce! Mais j’étais obligé de l’acheter. Comme la route n’est pas bonne, je n’avait d’autre option. Tout ça, parce que nous n’avons pas une bonne route!».

Pourtant, cette route n’est pas totalement laissée à l’abandon. Régulièrement, des travaux de fortune y sont entrepris: quelques graviers déversés à la hâte, un nivellement approximatif, parfois un remblai sommaire. Mais ces interventions superficielles ne tiennent jamais face au trafic quotidien.

Résultat: la voie redevient rapidement impraticable, au grand désarroi des riverains qui assistent, impuissants, à ce cycle de dégradation sans fin.

«Inadmissible», estime Thierno Moussa Diallo, habitant du quartier: «Les gens souffrent énormément. La dernière fois, nous avons vu une machine déverser ces blocs de pierre que vous voyez là. Mais ce n’est pas ça la solution. Malgré cela, de nombreuses voitures se déboîtent ici. D’autres viennent en sens interdit et ça crée des embouteillages. C’est vraiment difficile».

Aujourd’hui, la crainte est que la situation ne s’aggrave au point de rendre complètement inaccessible cette route pourtant stratégique, utilisée par des milliers de personnes chaque jour.

Alhousseyni Doumbouya insiste: «on souffre trop avec cette route, parce que ce n’est pas seulement ici. Il y a beaucoup d’endroits où les routes sont mauvaises. C’est ça qui crée des problèmes de suspension tout le temps. Si ça continue comme ça, on ne pourra plus rouler. La route sera bloquée de force. L’État doit voir ça. L’état des routes aujourd’hui, ce n’est vraiment pas bon».

À l’heure où les autorités affichent l’ambition de moderniser les infrastructures routières du pays, la route T7-T8 reste un symbole criant de l’urgence à passer des promesses aux actes. Car si rien n’est fait, ce tronçon risque bientôt de disparaître de la carte des routes praticables de Conakry.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 21/09/2025 à 11h12