Côte d’Ivoire: comment les alliances inter-ethniques contribuent à la cohésion sociale et à la paix

Alliances inter-ethnique, cousinage... remèdes face aux maux de la société.

Le 28/05/2023 à 18h34

VidéoAu cours des deux dernières décennies, la Côte d’Ivoire a été secouée par de nombreuses crises sociopolitiques. L’on assiste de plus en plus à des divergences d’opinions politiques, idéologiques, religieuses qui affectent les rapports des uns avec les autres. Néanmoins, comme ailleurs sur le continent, les Ivoiriens ont leurs propres remèdes face à ces maux. Parmi ces remèdes figurent les alliances inter-ethniques, qui contribuent à la prévention et aux règlements des conflits.

Une alliance inter-ethnique est un pacte de non-agression entre des peuples ou plusieurs groupes ethniques leur permettant de préserver l’entente, la fraternité afin d’éviter d’éventuels conflits. Ainsi, au-delà de son aspect de non-agression, ce pacte autorise les groupes ethniques à plaisanter entre eux.

Cette manière de faire renforce la cohésion sociale et maintient la paix entre les communautés, mais elle contribue surtout à éviter les conflits au sein de la société. Si la Côte d’Ivoire est connue pour son hospitalité, les relations chaleureuses et harmonieuses entre ses fils et ses filles, leur bonne humeur, c’est aussi grâce aux alliances inter-ethniques.

Mais ces valeurs culturelles tendent à disparaître. Le Festival culturel des alliés (FECA) vient à juste titre pour inculquer et pérenniser ces valeurs de non-agression, de non-violence, comme le veulent les alliances inter-ethniques, aux jeunes générations.

Les alliances inter-ethniques, fondées sur le sacré, devraient être des mécanismes de résolution de crises pour une Afrique sans conflit dans la mesure où toutes les langues d’Afrique subsaharienne appartiennent à une même famille linguistique. La vulgarisation de ces valeurs pourrait ainsi pérenniser la paix, la convivialité entre les peuples.

Les conflits intercommunautaires, survenus en septembre 2002 en Côte d’Ivoire, avant de s’intensifier avec la crise postélectorale de novembre 2010 à avril 2011, auraient par exemple pu être circonscrits en jouant le jeu des alliances inter-ethniques.

A l’orée des échéances électorales prochaines, il est important pour le pays d’observer le principe des alliances afin d’éviter de sombrer une fois plus dans une crise. Car c’est durant ces périodes que les haines, querelles et divisions se manifestent.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 28/05/2023 à 18h34