Côte d’Ivoire: les conducteurs en état d’ivresse désormais passibles de poursuites judiciaires

Accident de la route impliquant un gbaka à Abidjan.

Le 01/12/2024 à 09h01

Vidéo«Dès le 1er décembre 2024, tout conducteur ayant un taux d’alcool supérieur ou égal à 0,80 g/l sera présenté devant le procureur». C’est la nouvelle mesure que vient d’instaurer l’Etat dans la foulée des reformes du secteur des transports.

Chaque année, la Côte d’Ivoire perd 7% de son Produit intérieur brut (PIB) du fait des accidents de la circulation. Trois conducteurs de minicars «gbaka», sur cent impliqués dans des accidents ont un taux élevé d’alcoolémie mettant ainsi en danger au quotidien la vie de leurs passagers et endeuillant des centaines de familles.

«Pas plus tard que la semaine dernière, un chauffeur de gbaka a terminé sa course dans un caniveau avec tous ses passagers causant beaucoup de victimes. Cela est de plus en plus inquiétant», déplore Karamoko Hamed, étudiant.

Et à Soumahoro Mamadou, président de la Maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI), d’ajouter, «c’est inadmissible qu’un conducteur qui a la vie de plusieurs dizaines de personnes entre ses mains s’amuse à consommer de l’alcool avant de prendre le volant», estime le et d’ajouter que la responsabilité de ces comportements déviants est à mettre à l’actif des structures d’auto-école, du ministère de tutelle mais surtout des conducteurs.

La situation inquiète au plus haut degré les Ivoiriens qui chaque jour empruntent ces véhicules pour rallier leur lieu de travail. L’Etat également ne compte plus rester passif. Les autorités durcissent désormais le ton. A cet effet, dès le dimanche 1er décembre prochain, tout conducteur ayant un taux d’alcool supérieur ou égal à 0,8 g/l sera conduit devant les juridictions pour répondre de ses actes.

Cette initiative fait partie d’un plan de durcissement des règles visant à réduire considérablement les accidents de la route causés par l’alcool au volant. Une campagne de sensibilisation a été menée à cet effet lors d’une opération surprise organisée dans la nuit du vendredi 22 au samedi 23 novembre 2024 dans la commune de Cocody, précisément à la Riviera Palmeraie et au Carrefour Gorille d’Anono.

D’autres estiment également que la solution ne réside pas uniquement dans la répression mais aller plus loin. Soumahoro Mamadou, souligne la nécessité d’un contrôle plus régulier et rigoureux, «en plus des sanctions, il fait retirer le permis de conduire de tous ces chauffeurs véreux. Il faut des contrôles stricts et des tests d’alcoolémie fréquents, ceux qui sont détectés positifs doivent subir la rigueur de la loi comme vient l’instaurer de l’Etat. Mais en plus ceux doivent refaire leur formation de conduite et payer des amandes… Si les conducteurs savent qu’ils risquent d’être pris, ils réfléchiront à deux fois avant de boire», recommande le président de la MTCI.

Un avis partagé par un chauffeur de taxi, Sidiki Konaté, qui pointe également du doigt l’irresponsabilité de ces chauffeurs de «gbaka», «souvent certains disent être sous pression et qu’ils boivent pour se détendre ou consomment des stimulants pour tenir. Mais cela ne justifie pas les imprudences», dit le président des syndicats des chauffeurs de Côte d’Ivoire.

Cette mesure qui avait été annoncée il y a quelques années en arrière mais qui n’a pas vu la concrétisation de son application est aujourd’hui saluée par les Ivoiriens.

L’alcool ralentit les réflexes, altère la capacité de jugement et augmente considérablement le risque d’accidents graves. Les forces de l’ordre profitent de cette tribune pour rappeler ces dangers aux usagers. «Conduire en état d’ébriété, ce n’est pas qu’une infraction, c’est un danger mortel».

Cette nouvelle réglementation marque un tournant important dans la lutte contre l’insécurité routière en Côte d’Ivoire. Les autorités souhaitent instaurer une discipline rigoureuse pour faire face à un fléau qui coûte la vie à des milliers de personnes chaque année surtout en cette de l’approche des fêtes de fin d’année.

Le retrait des permis de conduire et la présentation devant le Procureur ne sont pas les seuls outils envisagés. Des campagnes de sensibilisation, des contrôles renforcés et des sanctions exemplaires sont également prévus pour dissuader les conducteurs de prendre la route sous l’emprise de l’alcool.

Avec cette nouvelle mesure, le gouvernement entend affirmer son engagement à lutter contre ce fléau, responsabiliser chaque usager de la route et garantir la sécurité des passagers et des populations.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 01/12/2024 à 09h01