Côte d’Ivoire: l’exemption des motos et tricycles du contrôle policier de la CRS1 suscite des inquiétudes

La gendarmerie contrôle un motocycliste.

Le 16/03/2025 à 16h08

VidéoLe gouvernement a récemment interdit aux unités de la Compagnie Républicaine de Sécurité 1 (CRS1) de contrôler les motos et tricycles sur l’ensemble du territoire national. Cette mesure vise à réorganiser les forces de l’ordre pour une meilleure efficacité dans la gestion de la sécurité routière. Alors que les accidents impliquant des motos font plusieurs centaines de morts et de blessés par an, les Ivoiriens craignent une augmentation de l’incivisme.

À Abidjan et dans d’autres villes de la Côte d’Ivoire, les accidents de la circulation impliquant les motocyclistes et engins à trois roues sont légion. Le bilan dressé en 2023, indique 488 accidents, soit 102 accidents moto contre moto, et 183 accidents de circulation moto contre véhicule. Malgré ce constat alarmant, l’Etat décide de suspendre les contrôles policiers à l’encontre de ces engins, les Ivoiriens s’en inquiètent.

«Nous sommes inquiets pour cette mesure vu le comportement des conducteurs au guidon de ces engins. On voit combien de victimes ils font par an. Les laisser sans aucun contrôle, met les populations plus en danger», exprime Koudous Abdoul, un usager dans la commune de Yopougon.

Pourtant cette mesure pour les autorités vise à « prévenir les abus potentiels et à clarifier les rôles des différentes unités dans l’application des opérations de sécurité en cours. Elle s’inscrit dans une volonté de garantir une application juste et transparente des procédures de contrôle », explique les autorités en charge de la sécurité.

Les motos et tricycles sont fréquemment impliqués dans des accidents de la route en Côte d’Ivoire. Selon l’Office de sécurité routière (OSER), en cette année, le pays a enregistré 13 310 accidents corporels, causant 1 129 décès et 18 134 blessés. Les utilisateurs d’engins à deux ou trois roues représentent 37 % des décès liés aux accidents de la route.

En réponse à ces statistiques alarmantes, le ministère des Transports a interdit, depuis janvier 2025, la circulation des motos et tricycles sur les principaux axes d’Abidjan, notamment le boulevard Félix Houphouët-Boigny. Cette décision vise à renforcer la sécurité routière sur ces axes majeurs, suite à une série d’accidents graves impliquant ces véhicules. Mais désormais, exempts de contrôle policier jusqu’à nouvel ordre, la population craint pour sa sécurité sur les routes.

« Non seulement la plupart d’entre eux n’ont pas le permis et en plus ils roulent à vitesse exagérée et souvent en inverse. L’absent de contrôle des policiers, n’aggravera-t-il pas la situation ? », s’interroge Léopold Gnaoré, un sportif qui craint également pour sa sécurité au bord de la route pendant ses heures d’exercice.

Mamadou Soumahoro est président du syndicat des transporteurs. Pour lui cette décision est, «raisonnable, car lors des contrôles l’on assiste à des scènes de bagarres», déplore-t-il avant de faire de cette proposition, «ce que je préconise est que nos autorités doivent mener une opération pour contraindre les motocyclistes à faire immatriculer obligatoirement leurs motos et tricycles».

Quoi qu’il en soit, cette décision souligne l’importance de la discipline et de la clarté dans les opérations de sécurité, afin de maintenir la confiance du public et d’assurer l’efficacité des forces de l’ordre.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 16/03/2025 à 16h08