À chaque saison des pluies, les habitants de la Cité Mbaba Guissé replongent dans l’angoisse. Routes impraticables, maisons submergées et isolement forcé constituent leurs calvaires au quotidien.
Oumy Niang Gueye, habitante de la cité, vit ce calvaire depuis des années. «On appréhende la saison des pluies. À chaque hivernage, on est coupés du reste du monde. On ne compte que sur les charrettes, car les voitures qui tentent d’accéder ici tombent en panne. Les malades ont du mal à rejoindre l’hôpital, l’économie s’arrête. Les commerçants ne viennent plus, les clients non plus, et les enfants ne vont plus à l’école. Nous sommes enfermés», témoigne-t-elle, dépitée.
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Un calvaire partagé par l’ensemble des habitants. À en croire Paul Diakham, chef de village de la Cité Mbaba Guissé, la situation a déjà été bien pire par le passé. Mais cette année, les riverains ont décidé de ne plus rester passifs.
À l’approche de la saison des pluies, chacun tente de se prémunir: renforcement des murs, aménagement de canaux de drainage de fortune… Des initiatives louables, mais qui restent insuffisantes.
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Oumy Niang Gueye, en appelle directement aux autorités centrales. «Il n’y a que l’État qui peut nous aider, Il faut de bonnes routes, des voies d’évacuation de l’eau de pluie et surtout un véritable système d’assainissement. L’urbanisation a été rapide. Rien de durable n’a été entrepris. On utilise des gravats pour combler les zones inondables, mais cela a aussi des conséquences: ça surélève le terrain. À force de mettre des gravats, nos fenêtres finiront au ras du sol» désole Oumy Niang Gueye.
Malgré tout, un vent d’espoir souffle timidement sur la localité. Les efforts communautaires, combinés aux actions de la municipalité et l’appui du génie militaire, sont salués par le chef de village. Paul Diakham reconnaît une volonté d’amélioration, même si beaucoup reste à faire.
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À Dakar, comme dans bien d’autres zones non viabilisées du pays, le retour de la pluie rime avec mobilisation. Mais pour que ces quartiers cessent d’être victimes d’un fléau devenu presque routinier, l’intervention décisive des pouvoirs publics reste attendue, et avec urgence.