La veille, le président Joseph Boakai a annoncé un plan de lutte contre «l’augmentation alarmante de la consommation et du trafic de drogues dans tout le pays».
«Nous ne pouvons pas laisser la propagation des drogues illicites transformer nos enfants en victimes, nos communautés en ghettos et nos quartiers en refuges pour les criminels», a-t-il déclaré.
Habillés de noir, brandissant des banderoles «La drogue tue notre jeunesse», les manifestants venus de tout le pays se sont dirigés vers le Congrès pour remettre une pétition aux élus, a constaté une journaliste de l’AFP.
«Je suis ici parce que je suis une victime. Mon frère est esclave des drogues», témoigne auprès de l’AFP Veronica Muna Gbarblow, 39 ans, qui dénonce la «faiblesse» de la réponse des autorités face à cette crise.
«Les trafiquants de drogue doivent être punis, nous sommes en colère», poursuit-elle.
Depuis plusieurs années, le kush, une drogue de synthèse très bon marché fait des ravages parmi la jeunesse désœuvrée d’Afrique de l’ouest. Apparue en 2022 en Sierra Leone, son utilisation s’est étendue au Liberia, en Guinée, en Gambie, en Guinée-Bissau et au Sénégal.
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Cette drogue composée de nitazènes (des opiacés qui peuvent être plus puissants que le fentanyl) et de canabinoïdes synthétiques» aurait fait des milliers de morts dans la région, selon un rapport de l’Initiative mondiale contre la criminalité organisée transnationale (GI-TOC, selon son acronyme en anglais).
L’an dernier, Patience Kolaboe Anthony a perdu son grand frère qui avait consommé du kush: «Nous l’avons enterré comme un animal. Ca ne devrait pas se passer comme ça, tout ça c’est à cause de l’addiction», raconte à l’AFP cette habitante de Monrovia présente à la marche.
Ancien toxicomane de 23 ans, Kinddy Zekor arbore un t-shirt «Dites non à la drogue»: «La consommation de drogue est néfaste pour le corps», explique le jeune homme à l’AFP.
En janvier 2024, peu de temps après son arrivée au pouvoir, le président Boakai avait annoncé faire de la lutte contre la drogue une «urgence de santé publique» qualifiée de «menace existentielle», lors de son premier discours sur l’état de la nation au Parlement.