Les inégalités juridiques entre hommes et femmes ne cessent de se creuser dans le monde. Le rapport « Les Femmes, l’Entreprise et le Droit 2023 » publié, début mars, par la Banque mondiale confirme cette triste réalité. Ce document révèle que les femmes ne jouissent que des trois quarts des droits juridiques des hommes et près de 2,4 milliards de femmes en âge de travailler n’ont toujours pas ces mêmes droits. La situation est principalement préoccupante en Asie de l’Est et Pacifique et en Asie du Sud où vivent respectivement 710 millions et 610 millions d’entre elles. L’Afrique, avec 330 millions, complète le trio.
Ce constat est le résultat de mesures effectuées par les enquêteurs de l’institution financière sur 35 domaines, regroupés en neuf grands indicateurs, à savoir la mobilité, la rémunération, la parentalité, le travail, le mariage, l’entrepreneuriat, la retraite, et le droit matrimonial. « Les économies dont les scores moyens à l’indice sont supérieurs à la moyenne mondiale de 77,1 sont généralement des pays à haut revenu de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ainsi que des pays d’Europe et d’Asie centrale, d’Amérique latine et des Caraïbes », indique le rapport.
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En revanche, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud enregistrent les scores moyens les plus bas. Des pays comme le Maroc tentent de changer la donne. Le royaume qui enregistre un taux d’employabilité des femmes qui ne dépasse pas les 21%, souhaite améliorer leur accès à l’emploi, conformément aux recommandations du Nouveau modèle de développement (NMD) qui ambitionne de porter ce taux à 45% en 2035.
Bien qu’étant parmi les moins bons élèves, l’Afrique tente de corriger ses lacunes en initiant un certain nombre de réformes. Sur les 18 pays ayant mis en place 34 réformes pour encourager l’égalité entre les sexes sur les différents indicateurs, presque la moitié (sept pays) provient du continent. Il s’agit du Bénin, de la République démocratique du Congo (RDC), de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Malawi, de l’Ouganda, et du Sénégal. Ces pays ont adopté 18 changements juridiques positifs.
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Dans ce lot, la Côte d’Ivoire et le Gabon se distinguent particulièrement. Abidjan « a adopté des réformes qui interdisent toute discrimination fondée sur le genre en matière d’accès au crédit, combattent la violence domestique et lèvent les restrictions liées à l’emploi des femmes ». Libreville a « poursuivi sur la voie des réformes entreprises l’an dernier, en harmonisant les procédures d’obtention d’un passeport pour les deux sexes, en imposant une rémunération égale pour un travail de valeur égale et en supprimant toutes les restrictions sur l’emploi des femmes ». Le Sénégal est également cité en exemple, pays qui a modifié sa législation du travail pour interdire le licenciement des femmes enceintes.
Globalement, la plupart des réformes initiées au niveau mondial ont concerné l’augmentation des congés payés pour les parents, la suppression des restrictions relatives au travail des femmes et l’obligation de garantir l’égalité salariale, d’après la Banque mondiale. La Chine et les Pays-Bas qui ont rendu obligatoire le congé parental rémunéré, de même que le Costa Rica, le Malawi et la Mongolie qui ont introduit un congé paternel rémunéré, sont des cas d’école. « La capacité d’agir de manière autonome et de travailler sans obstacles juridiques permet aux femmes d’accéder à de meilleurs emplois et peut conduire à leur plus grande participation à la vie active dans son ensemble (…) Les données factuelles suggèrent que l’égalité entre les sexes est importante non seulement pour l’autonomisation économique des femmes mais aussi pour le développement macroéconomique », explique le rapport.
Selon la Banque mondiale, seuls 14 pays, en l’occurrence l’Allemagne, la Belgique, le Canada, le Danemark, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Islande, la Lettonie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède sont parvenus à instaurer une égalité des droits entre les femmes et les hommes dans les différents indices. Le combat pour l’égalité est donc loin d’être gagné pour la gent féminine.