Selon un décompte de la presse, 32.000 personnes ont débarqué aux îles Canaries depuis janvier, dont une majorité de Sénégalais, plus de 600 d’entre eux ont péri durant la traversée.
Parmi les candidats à l’émigrations irrégulière, les pécheurs. La pêche est un secteur rudement éprouvé par la rareté du poisson. Près des deux tiers des pêcheurs (65 %) au Sénégal affirment gagner moins qu’il y a cinq ans, une conséquence des «pratiques non durables» et «destructrices de l’environnement» des chalutiers de fond, selon un rapport publié ce jeudi 26 octobre par la Fondation pour la justice environnementale (EJF), une organisation écologique basée à Londres.
«Au-delà des pertes de revenus, les communautés de pêche artisanale voient leurs conditions de vie se détériorer», indique l’EJF. Par exemple, «88 % des pêcheurs, 93 % des transformatrices et 100 % des mareyeurs ont déclaré avoir un accès plus limité au poisson pour leur propre consommation». La pêche contribue à 3,2 % du PIB et 10,2 % des exportations du Sénégal.
Les conséquences sont dramatiques, avec des familles disloquées, mais aussi ces bras valides perdus à jamais. «Hier, on m’a dit qu’un ami, un petit frère en fait, avait pris un bateau pour émigrer. Et ce genre de situation (la surpêche pratiquée par les chalutiers) en est l’une des causes. Si la mer est pleine de poissons, nous resterons ici. Si tout était normal, nous travaillerions comme avant, mais ces bateaux (les chalutier), ils prennent tout le poisson», témoigne Fass Boye un pêcher artisanal cité dans le rapport de l’EJF.
Le Sénégal qui pourtant va bientôt exploiter son pétrole et son gaz, gagnerait à former ses jeunes aux nouveaux métiers du pétrole et du gaz.
Le phénomène de l’émigration clandestine a pris une telle ampleur que le président Macky Sall, a ordonné, le 8 novembre «des mesures sécuritaires, économiques, financières et sociales d’urgence afin de neutraliser les départs d’émigrants à partir du territoire national», selon un communiqué publié à la suite d’un conseil des ministres.