Les derniers chiffres de la police sur la criminalité dans la Nation arc-en-ciel font froid au dos. Avec près de 20.000 personnes tuées durant les neuf premiers mois de cette année, l’Afrique du Sud semble être en guerre contre elle-même.
Le Réseau des villes sud-africaines (SACN) a, dans ce sens, fait état d’une tendance inquiétante de la criminalité, le pays ayant un taux de meurtres de 42 pour 100.000 habitants, sept fois supérieur à la moyenne mondiale et trois fois supérieur à la moyenne continentale.
Les enlèvements ont également eu le vent en poupe durant cette année. Le pays a connu une recrudescence alarmante de cette catégorie de crimes, avec plus de 3.600 cas enregistrés rien qu’au deuxième trimestre, selon le cabinet de conseil en sécurité « Fidelity Group ».
Un autre aspect de la criminalité qui n’a cessé de prendre de l’ampleur cette année est celui de la violence à l’égard des femmes. Les statistiques du gouvernement montrent une prolifération inquiétante de ce fléau, avec plus de 2700 femmes ayant perdu la vie au cours des trois premiers trimestres de 2023.
Le quotidien des Sud-africains a été également marqué durant cette année par une flambée de la violence politique, un phénomène qui menace non seulement de détruire les acquis démocratiques engrangés après la fin du régime de l’apartheid, mais également de saper la stabilité et la sécurité de l’ensemble de la société.
Ce phénomène est encore plus marqué dans la province du KwaZulu-Natal (est), où 21 conseillers locaux ont été assassinés en moins d’un an, selon des chiffres révélés par l’Association sud-africaine des gouvernements locaux (SALGA).Une autre catégorie émergente de la criminalité qui sévit dans le pays est celle des attaques ciblant les touristes.
Cette nouvelle tendance suscite des inquiétudes croissantes auprès des autorités et des professionnels du secteur, eu égard à son impact néfaste sur le secteur du tourisme. Ainsi, les attaques criminelles autour des attractions touristiques les plus importantes se sont multipliées dans la ville du Cap, considérée comme le premier hub touristique du pays.
Le phénomène a touché également la capitale économique Johannesburg, où des gangs armés ont dernièrement attaqué des bus transportant des touristes étrangers d’un centre de villégiature. Selon les experts, cette situation d’insécurité qui sévit dans le pays est une conséquence directe de la pauvreté, du chômage et des inégalités qui définissent encore le quotidien de millions de citoyens, près de trois décennies après l’abolition du régime ségrégationniste de l’apartheid.
Ce fléau est également aggravé par la prolifération des armes à feu illégales, un facteur qui explique l’ampleur et la gravité des crimes commis dans ce pays africain.Jacob Mofokeng, expert en sûreté et sécurité publiques, a dans ce sens fait observer que la recrudescence de la violence en Afrique du Sud a été favorisée par l’incapacité des autorités à contrôler la circulation des armes à feu qui tombent facilement dans les mains des criminels.
Face à ce tableau sombre de l’insécurité, plusieurs voix se sont élevées pour appeler le gouvernement à déployer tous les moyens qu’il faut pour s’attaquer aux syndicats du crime et faire en sorte que le «carnage» cesse.
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Le principal parti de l’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a déploré que «les familles et les communautés sont brisées par des criminels violents qui tourmentent et terrorisent les citoyens innocents au vu et au su des autorités».Selon l’ONG sud-africaine SACN, le pays de Nelson Mandela est confronté à des défis sociétaux complexes qui nécessitent une action urgente pour forger un avenir stable et sûr pour les populations.
Manifestement, il est impératif d’agir afin de faire régresser la courbe ascendante de la criminalité dans le pays. Cependant, dans un contexte caractérisé par une détérioration de tous les indicateurs socio-économiques, il semble que l’Afrique du Sud se dirige vers une autre année de déchainement de la violence et de la folie meurtrière.