Fêtes de fin d’année à Abidjan: c’est la jolie pagaille dans les gares

Les voyageurs et les marchandises s'entassent dans les gares d'Abidjan.

Le 30/12/2024 à 10h53

VidéoÀ Abidjan, la célébration des fêtes de fin d’année est synonyme de voyages en direction des villes et villages de Côte d’Ivoire. Les gares routières sont prises d’assaut par une foule de candidats au départ. Ajoutés à l’affluence record, les longues files d’attente et le renforcement des mesures de sécurité créent un remue-ménage indescriptible.

À Adjamé, l’une des communes qui abritent le plus de gares à Abidjan, les départs pour l’intérieur du pays s’enchaînent à un rythme effréné. Des centaines de passagers, bagages en main, se pressent dans l’espoir de trouver une place pour rejoindre leurs familles à l’occasion des festivités. «J’attends ici depuis trois heures. Je suis venu à la gare à 9 heures et là, il est treize heures et nous sommes toujours dans l’attente. C’est la troisième fois qu’on me dit de patienter», confie Adou Lambert, un passager qui souhaite se rendre à Grand-Lahou.

L’affluence dans les gares routières est en partie due à l’absence de moyens alternatifs. Les compagnies de transport peinent souvent à répondre à la demande croissante, malgré un renforcement temporaire de leur flotte. Mais certaines compagnies parviennent tant bien que mal à trouver des palliatifs pour satisfaire la forte demande. C’est le cas à SBTA transport. N’goran Joël, responsable de la ligne Abidjan-Bondoukou en passant par Adzopé, Abengourou… de cette compagnie témoigne, «il vrai qu’en cette période, l’affluence est décuplée, mais ici, nous faisons mains et pieds pour que chaque passager puisse avoir son départ à l’heure», explique-t-il.

Et à Béréto Ousmane, également chef de gare de la compagnie BV transport de renchérir, «avant les fêtes nous faisions 5 à 6 départs par jour, mais depuis deux semaines, les départs sont passés à 8 voire 10. C’est un moment de non-repos pour nous».

Avec cette augmentation de la demande, les temps d’attente se sont sensiblement allongés. Dans certaines gares, des passagers patientent jusqu’à cinq heures avant de pouvoir monter à bord d’un car. Et les chauffeurs, souvent sous pression, appellent à la patience. «Ce n’est pas facile. Les chauffeurs font des allers-retours entre Abidjan et l’intérieur du pays sans relâche pour satisfaire tout le monde. Cette situation nous donne du travail acharné, parfois nous travaillons 24h/24h durant deux jours. Mais en qualité de bagagiste, ça nous arrange, car on se fait plus de sous plus», se réjouit Gahé Prince, bagagiste à CA Trans.

Face à cette fréquentation exceptionnelle, de vies sont en danger. Le destin des passagers étant entre les mains des chauffeurs pris par l’envie de faire plus de profits ont recours à des stimulants, de l’alcool, pour se maintenir éveiller auxquels il faut ajouter l’excès de vitesse, la distraction et l’usage du téléphone au volant. La vigilance est donc de mise.

Des semaines avant l’entame du mois de décembres, plusieurs démarches ont étés entreprises par les autorités ivoiriennes et les acteurs du transport à l’effet de sensibiliser les usagers à la sécurité routière et d’éviter d’endeuiller les familles pendant ces fêtes: alcooltest, renforcement des effectifs des forces de l’ordre sur les autoroutes, les routes principales, les rues secondaires et même tertiaires dans certaines communes de la ville d’Abidjan.

Dans les gares, des vigiles sont mobilisés pour fluidifier la circulation des personnes et éviter tout débordement. «La sécurité des voyageurs est primordiale. Nous veillons au grain et faisons en sorte que les passagers et leurs bagages arrivent à bon port. A cet effet, nous faisons appliquer les consignes d’usage à nos conducteurs; celles de limiter la vitesse à 90 km/h, chose que nous inculquons également à nos clients par ne pas qu’ils se plaignent de la lenteur des cars», dit N’goran Joël.

Cependant, cette période est aussi marquée par des pratiques moins louables. Certaines compagnies de transport profitent de la forte demande pour augmenter leurs tarifs de manière abusive. «Je quitte à Abobo pour venir emprunter le véhicule pour San Pédro, mais là encore le transport qui est à 200 Fcfa passe à 300 Fcfa souvent 500 Fcfa. En plus de cela, le billet pour San Pedro, qui était à 7.000 FCFA il y a quelques semaines, est passé à 80.000 FCFA aussi. On craint même qu’à la veille de la fête, le transport n’arrive à 10.000 Fcfa», se lamente Bakayoko Mariam, une commerçante.

L’affluence dans les gares routières pourrait doubler au cours des prochaines 48 heures. Les voyageurs interpellent donc le conseil national de la lutte contre la vie chère et autres associations de consommateurs afin de préserver leur pouvoir d’achat face aux transporteurs véreux.

Alors que dans moins de 72 heures, les uns et les autres célébreront les fêtes, les gares routières d’Abidjan révèlent à la fois les défis d’une mobilité intense et la résilience d’une population déterminée à réunir les familles. ce qui démontre une fois de plus qu’au-delà des défis logistiques, les festivités de fin d’année restent un moment de communion et de solidarité.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 30/12/2024 à 10h53