Guinée: au moins huit personnes tuées dans un incendie au centre de Conakry

Une forte explosion a secoué Conakry.

Le 18/12/2023 à 11h48

Au moins huit personnes ont été tuées dans l’incendie qui a touché lundi le centre-ville de Conakry, la capitale guinéenne, après l’explosion du principal dépôt de carburant du pays, qui a entrainé la fermeture des écoles et administrations.

Le sinistre est survenu aux environs de 00H00 (locales et GMT) au principal dépôt d’hydrocarbures de la société guinéenne de pétrole (publique) à Kaloum, le quartier administratif et des affaires de Conakry.

«Huit corps calcinés ont été déposés à la morgue de l’hôpital Ignace Deen», a dit à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un haut responsable de cet hôpital, où ont été envoyés de nombreux blessés.

«Les blessés arrivent par dizaines dans deux des principaux hôpitaux de Conakry, Ignace Deen et Donka», avait affirmé à l’AFP, peu après le drame, le docteur Mamadouba Sylla, un chirurgien qui travaille à l’hôpital de Donka.

Le président du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif mis en place par les militaires au pouvoir depuis 2021, Dansa Kourouma, a confirmé que cet incendie avait causé «de nombreux dégâts y compris des pertes en vie humaine».

«Solidarité et prière»

«En attendant les enquêtes diligentées par le gouvernement pour connaître les causes exactes de l’incendie ainsi que le bilan humain et matériel de ce drame, j’appelle le peuple de Guinée à la solidarité et à la prière pour la nation en ces moments de dure épreuve», a déclaré le chef de la junte Mamadi Doumbouya dans un texte publié sur sa page Facebook.

Le gouvernement a annoncé la fermeture des écoles et demandé aux travailleurs du secteur public et privé de rester chez eux dans le grand Conakry, comprenant la capitale et ses environs.

Le feu est toujours actif lundi en fin de matinée dans la zone portuaire, même s’il a baissé en intensité. Des dizaines de véhicules de la protection civile et des camions de la SEG (société des eaux de Guinée) sont présents, a constaté un journaliste de l’AFP.

«Les moyens supplémentaires sont en cours d’acheminement pour contenir l’incendie et minimiser ses conséquences», a dit le gouvernement.

Il invite les populations «des zones limitrophes» du sinistre à «s’éloigner du site pour non seulement leur propre sécurité mais également permettre aux services d’opérer en toute sécurité».

La zone portuaire est bouclée par les forces de sécurité, qui ont érigé des barrages filtrants sur plusieurs kilomètres. Une forte odeur de carburant brûlé se dégage du lieu sinistré.

Les stations-service vont rester fermées et «dans les prochaines heures, un bilan d’étape sera communiqué et une enquête sera ouverte pour situer les causes et les responsabilités», selon le gouvernement.

«C’est un bruit assourdissant qui nous a réveillés, on était déjà endormis. Nous qui logeons près du Marché Niger, les vitres de notre habitation et celles de nos voisins ont été cassées. On est parvenu à nous éloigner de l’endroit», a confié à l’AFP une habitante de Kaloum, sous le choc.

«Forte détonation»

«Nous avons entendu une forte détonation qui nous a projeté par terre sans rien comprendre de ce qu’il se passait», a aussi raconté à l’AFP Marietou Camara.

«Nous nous sommes contentés de prières espérant avoir les faveurs de Dieu. D’autres n’ont pas cherché à comprendre, préférant prendre la direction de la banlieue», a-t-elle poursuivi.

Le quartier portuaire, habituellement bondé, a des allures de ville morte lundi matin. Des dizaines de personnes ont quitté le centre-ville pendant la nuit, les autres se terrent dans leur habitation.

«Le courant est complètement coupé dans le secteur», a assuré à l’AFP Thierno Diallo, qui s’est présenté en tant que douanier.

La Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par une junte dont le chef est le colonel Mamadi Doumbouya. Il a renversé le président Alpha Condé, qui était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu de Guinée après des décennies de régimes autoritaires ou dictatoriaux.

Après le putsch, le colonel Mamadi Doumbouya s’est fait investir président et s’est engagé sous la pression internationale à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de deux ans à partir de janvier 2023.

Il a promis de refonder un Etat miné par les divisions et par une corruption réputée endémique.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 18/12/2023 à 11h48