Guinée: ces soldats de la propreté qui font face à l’incivisme des citoyens, surtout durant la saison pluvieuse

Des agents de nettoyage dans un marché de Conakry.

Le 09/07/2024 à 10h40

VidéoLes agents de nettoyage des espaces publics font face quotidiennement à des tonnes de déchets déversés de manière incivique par les citoyens. La tâche est encore plus ardue pour ces soldats de la propreté durant la période d’hivernage où ils doivent travailler sous la pluie, dans des conditions matérielles difficiles.

La saison pluvieuse en Guinée arrive avec un problème fort préoccupant, l’insalubrité. Une situation qui complique souvent le travail des agents de nettoyage. Depuis 6h du matin, sous la pluie, des agents de nettoyage des marchés de la commune de Ratoma passent le balai sur le marché de Sonfonia. L’exercice est difficile mais ce qui semble le plus les fatiguer, c’est ce sentiment quotidien du devoir non accompli.

En effet, «aussitôt nettoyé, l’espace est aussitôt sali», regrette Mohamed Camara, agent de nettoyage. «Dans ce travail, ce qui nous fatigue ici au marché de Sonfonia, c’est le défaut de civisme des gens. Nous débutons le travail à 6h et terminons à 14h. Mais à peine un espace nettoyé, les commerçantes viennent aussi déverser des ordures sur place. C’est difficile».

Ce fait pourtant anodin provoque souvent des accrochages violents, révèle Ibrahima Sory Baldé. «J’ai certains amis ici qui ont eu des problèmes avec certaines commerçantes. Chaque fois nous allons à la police qui intervient. Ce n’est pas facile. Je peux vous montrer un espace sur lequel nous travaillions depuis 6h. Actuellement l’endroit est déjà plein d’ordures». La solution pour mettre fin à ces querelles devenues fréquentes et donner du sens au travail qui s’abat chaque matin ici, c’est la sensibilisation, suggère Lansana Bangoura. «Les poubelles sont là. Il faut que les autorités disent aux commerçantes de mettre les ordures dans les poubelles. En période de saison pluvieuse, les ordures déversées sur le sol sont lourdes à déplacer. Souvent ça se fait à deux personnes ou plus».

Aujourd’hui, au-delà de leur dur quotidien dans ce marché, ce qui préoccupe les agents c’est d’avoir des contrats. Mohamed Camara, désespéré, lance: «La société pour laquelle nous travaillons n’a pas encore gagné de contrat. Ça nous fatigue. Nous avons de petits salaires. Aujourd’hui, même nos outils de travail sont usés. La société dit ne pas pouvoir investir tant qu’elle n’a pas un contrat avec l’Etat».

Journée terminée pour eux ce jour. Demain aussi ils seront là à 6h pour 8h d’intense boulot. Ils vont faire face aux ordures, à l’incivisme aussi de certains. Le tout pour un revenu bien trop faible.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 09/07/2024 à 10h40