Guinée. Disparitions forcées, liberté d’expression, droits humains... quel écho aux recommandations de l’ONU?

Point de presse du Groupe des Organisations de la Société Civile Guinéenne

Le 31/05/2025 à 14h37

Vidéo«Les libertés fondamentales demeurent centrales", estime Amnesty International Guinée qui réagissait aux 257 recommandation formulées par l’examen périodique universel de Genève, créé en 2006 par l’ONU, et qui sont autant de lacunes en matière de droits humains. Cette évaluation traduit surtout les attentes d’une gouvernance respectueuse des libertés.

Le Groupe des Organisations de la Société Civile Guinéenne sur les mécanismes des droits humains a animé une conférence de presse, le 29 mai à Conakry, pour commenter les 257 recommandations adressées à la République de Guinée.

Créé 2006 par l’Assemblée générale de l’ONU, l’examen périodique universel incite chaque État à procéder, tous les 4 ans et demi, à une évaluation par les pairs de son bilan en matière de droits de l’homme. Ce mécanisme permet de rendre compte des mesures prises pour améliorer la situation des droits de l’homme et de recevoir des recommandations d’autres États en vue d’une amélioration continue.

Et les griefs contre la Guinée ne manquent pas: lutte contre les disparitions forcées, amélioration des conditions carcérales, respect de la liberté de la presse, diligence des enquêtes sur les cas de violations des droits humains dans des délais raisonnables...

La question des libertés fondamentales demeure centrale, selon Souleymane Sow, directeur exécutif d’Amnesty International Guinée «la problématique des disparitions forcées reste préoccupante. Nos collègues activistes Foniké Menguè et Billo Bah sont portés disparus depuis juillet 2024. Le journaliste Habib Marouane Camara est également introuvable depuis décembre 2024. Ces cas suscitent une vive inquiétude. Certes, le procès du massacre du 28 septembre marque une avancée, mais le procès en appel tarde à démarrer, tout comme la grâce présidentielle accordée à Dadis Camara suscite des interrogations».

En évoquant le procès du massacre du 28 septembre 2009, Souleymane Sow fait référence au drame survenu au stade de Conakry où au moins 156 personnes ont été tuées ce jour-là, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d’un rassemblement de l’opposition, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont été violées. Condamné à 20 ans de prison, l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara a été gracié.

Les 257 recommandations issues de l’EPU ne se limitent pas à dresser un constat mais proposent une feuille de route pour des réformes profondes et durables.

Pour Ousmane Diané, responsable plaidoyer pour les personnes handicapées «le projet Simandou doit devenir un modèle en matière de droits humains, à travers une gestion transparente des ressources naturelles et des contrats, conformément aux lois en vigueur. Il est crucial de garantir la protection des droits des communautés locales, un accès équitable à l’emploi pour les jeunes, les femmes et les personnes handicapées, ainsi qu’une gestion rigoureuse de l’environnement».

Dans un contexte de transition politique et de quête de légitimité sur la scène internationale, ces recommandations ne doivent pas être perçues comme une contrainte, mais comme une opportunité pour la Guinée de redorer son image.

En s’engageant à appliquer ces recommandations, la République de Guinée peut améliorer concrètement la vie de ses citoyens et regagner la confiance de ses partenaires internationaux.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 31/05/2025 à 14h37