Guinée. Poussière et cratères: à Kagbélen, la route nationale de tous les dangers

Le 10/03/2025 à 09h50

VidéoLa route nationale à Kagbélen reliant la capitale à l’intérieur du pays est devenue impraticable en raison de son état de délabrement avancé. En cette saison sèche, la poussière est tellement dense, que des usagers sont obligés de porter un masque protecteur. Quant aux travaux, ils sont remis aux calendes grecques.

Derrière le pont inauguré par le président rwandais Paul Kagame, portant son nom, la route s’arrête brusquement. Le dépaysement est total: aucune trace de goudron, des engins roulent sur une chaussée complètement défoncée puis disparaissent dans un épais nuage de poussière.

Le calvaire pour les usagers de cette route est total, confie Pathé Diallo, chauffeur de taxi. «Le retard dans la construction de la route menant de Sanoya à Coyah est vraiment problématique. Actuellement, la route est complètement impraticable. L’État avait commencé les travaux pour la réhabiliter, notamment la section reliant Sanoya, mais à peine avaient-ils commencé que les travaux ont été interrompus et les machines retirées. Si tu veux te rendre à Coyah, il faut maintenant passer par le secteur de 36 ou bien prendre la route passant près de chez le Général Baldé. Mais cette section est totalement abandonnée. Seuls les gros camions peuvent encore y circuler, en se faufilant entre les trous. Mais pour nous, les taxis et les petites voitures, c’est impossible de passer par là. La route est vraiment impraticable».

En temps normal, cette route serait la plus pratique pour les milliers d’habitants de la région qui souhaitent quitter la capitale ou se rendre à Coyah. Mais aujourd’hui, la seule option pour y circuler reste de porter un masque, comme le fait Ansoumane Koné. «C’est la première fois que je viens ici, et en arrivant, j’ai constaté qu’il y avait une quantité excessive de poussière. J’ai dû mettre un masque pour pouvoir continuer mon chemin, car la poussière est trop dense. La route est dans un état lamentable. On se demande si ce sont les autorités ou bien les entrepreneurs chargés des travaux qui n’ont pas terminé leur travail. Avec toute cette poussière, on risque de tomber malades si on ne prend pas de précautions. Même avec un masque, ce n’est qu’une protection minimale, car la poussière est vraiment trop dense. Acheter un masque tout le temps devient une contrainte».

Il y a environ deux ans, des travaux avaient été annoncés. Pourtant, aujourd’hui, sur place, il ne reste aucune trace de ces promesses, regrette Pathé Diallo. «Nous lançons un appel urgent au gouvernement et au ministère des Travaux publics. Nous demandons qu’ils nous viennent en aide, qu’ils interviennent pour terminer les travaux de réhabilitation de la route. Nous rencontrons de grandes difficultés au quotidien à cause de cet état de la route. Nous avons besoin de leur soutien».

En effet, durant cette saison sèche, ce ne sont pas seulement les usagers de la route qui souffrent, mais aussi les habitants des environs, inondés en permanence par la poussière, risquant ainsi des problèmes de santé.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 10/03/2025 à 09h50