Des centaines de migrants d’originaire d’Afrique subsaharienne se trouvent en situation très précaire dans une zone désertique dans le sud de la Tunisie, après avoir été chassés ces derniers jours de la ville de Sfax (centre-est) sur fond de vives tensions avec la population locale qui réclamait leur départ, selon des témoignages recueillis par l’AFP.
Un déferlement de violence s’est abattu mardi et mercredi sur ces migrants après que l’un d’eux a tué un habitant de la ville lors d’une rixe.
«Les forces de sécurité tunisiennes ont expulsé collectivement plusieurs centaines de migrants et demandeurs d’asile africains noirs, dont des enfants et des femmes enceintes, depuis le 2 juillet 2023 vers une zone tampon éloignée et militarisée à la frontière entre la Tunisie et la Libye», a déclaré HRW dans un communiqué.
«De nombreuses personnes ont rapporté des violences de la part des autorités lors de leur arrestation ou de leur expulsion», a ajouté l’ONG.
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Elle a appelé le gouvernement tunisien à «mettre fin aux expulsions collectives et permettre d’urgence l’accès humanitaire» à ces migrants qui ne disposent que «de peu de nourriture et d’aucune assistance médicale», a déclaré dans le communiqué Lauren Seibert, chercheuse sur les droits des réfugiés à HRW.
Des migrants interrogés par l’ONG ont affirmé que «plusieurs personnes étaient mortes ou avaient été tuées dans la zone frontalière entre le 2 et le 5 juillet - dont certaines auraient été abattues ou battues par l’armée tunisienne ou la garde nationale», selon le communiqué de HRW qui précise toutefois ne pas être en mesure de confirmer ces allégations faute d’accès à la zone.
HRW a appelé la Tunisie à «enquêter sur les forces de sécurité impliquées dans les abus et à les traduire en justice».
«Les migrants africains et les demandeurs d’asile, y compris des enfants, sont désespérés de sortir de la zone frontalière dangereuse et de trouver de la nourriture, des soins médicaux et la sécurité», a ajouté Mme Seibert: «Il n’y a pas de temps à perdre».
Un discours de plus en plus ouvertement xénophobe à l’égard de ces migrants s’est répandu depuis que le président tunisien, Kaïs Saied, a pourfendu en février l’immigration clandestine, la présentant comme une menace démographique pour son pays.