Si la majorité des candidats à l’immigration irrégulière arrivent à destination, malheureusement de nombreux autres périssent noyés, certains sont portés disparus.
Et malheureusement les tragédies liées à la traversée clandestine ne cessent de croître. Dernière en date, celle rapporté par Le Matin d’Algérie et qui remonte au 4 septembre au large de Kristel, sur les côtes oranaises. Cette fois-ci, c’est une petite barque en fibre transportant 12 personnes qui a chaviré dans les eaux territoriales algériennes. Cinq d’entre eux ont survécu alors que les autres sont morts ou ont été portés disparus. Parmi les personnes qui n’ont pas survécu figurent une femme et son nourrisson de sept mois.
Ce nouveau drame s’ajoute à une longue liste de naufrages qui endeuillent régulièrement les côtes algériennes attestant de l’ampleur du phénomène des harraga et des tragédies qui l’accompagnent. Malgré les risques, la détresse sociale, économique et psychologique est telle que les Algériens choisissent de prendre clandestinement la mer dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe.
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Selon le décompte du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) allant du 1er janvier au 6 juillet 2025, 18.860 migrants clandestins sont arrivés en Espagne dont 4.119 sont partis d’Algérie. Durant cette période, plus de 325 personnes ont perdu la vie en mer entre l’Algérie et l’Espagne, contre 517 pour toute l’année 2024.
Globalement, les Algériens empruntent cette voie maritime, soit à bord de petites embarcations dotées de d’un moteur Yamaha de 40 cheveux qui ne résistent pas aux vagues de la Méditerranée, soit, pour les plus nantis, en empruntant des embarcation rapides équipées d’un moteur hors-bord de 150-300 chevaux, pour un voyage de quelques heures. Un tel périple coûte jusqu’à 5.000 euros. Un business très lucratif pour les réseaux mafieux et autres passeurs qui gèrent ce trafic avec la complicité de certaines autorités.
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Et ce qui est inquiétant, c’est que cette migration clandestine touche de plus en plus des familles et des mineurs. L’arrivée à Ibiza, mercredi 3 septembre, après sept heures passées en mer, de sept mineurs algériens, âgés de 14 à 17 ans, continue de susciter une onde de choc dans la société algérienne.
Ceux-ci, plus chanceux que de nombreux autres migrants, ont parcouru environ 300 km à bord d’un bateau volé et ont diffusé leur arrivée en direct sur TikTok et Instagram. «Une histoire sans précédent dans les annales de la migration maritime irrégulière», selon le journal espagnol El Confidencial.
Pour les observateurs, cette situation s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs. La hausse exponentielle des migrants clandestins algériens tentant de rejoindre l’Europe par la voie maritime est le signe d’une crise profonde que vit la société algérienne et du ras-le-bol d’une jeunesse frustrée et déçue par ses dirigeants qui ne se soucient guère de leur avenir.
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Absence de perspectives, cherté de la vie, taux élevé du chômage chez les jeunes parfois diplômés, méfiance vis-à-vis des institutions militaro-affairistes... sont autant de fardeaux devenus trop lourds pour les épaules de la société et qui tranchent avec le discours triomphaliste de ces même autorités.
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Le comble est que ces tragédies sont occultées par les autorités algériennes qui y voient toujours la «main extérieure» et qui n’essayent même pas de connaître les véritables causes de ces drames et d’y apporter les remèdes nécessaires.
Jusqu’à présent, les seules solutions préconisées par les autorités consistent à autorise les garde-côtes de tirer sur les migrants clandestins au lieu de s’attaquer au problème par la racine.
Une chose est sure, tant que des solutions ne sont pas apportées au mal-être d’une jeunesse algérienne, les tentatives de migrations clandestines et leurs lots de tragédies ne pourront qu’augmenter, hélas.