La Tabaski à Abidjan: à 800 Fcfa le kilo, le prix de l’oignon fait couler bien de larmes

Une femme achetant des denrées alimentaires à Abidjan.

Le 04/06/2025 à 11h09

VidéoÀ quelques jours de la Tabaski, c’est la ruée vers les marchés d’Abidjan où chacun se presse à faire ses emplettes: légumes, riz, oignon et tout ingrédient indispensable aux repas de fête. Mais la palme de l’inflation revient à l’incontournable bulbe.

La Tabaski, ou l’Aïd el-Kébir, est une fête musulmane synonyme de dépenses importantes liées à l’achat d’un mouton pour le sacrifice, ainsi que d’autres aliments pour les repas.

Cependant, dans la capitale économie comme dans plusieurs autres villes du pays, les prix des denrées alimentaires, notamment de la viande, le riz, les légumes, l’oignon… ont tendance à augmenter significativement à l’approche de la Tabaski. La vieille loi de l’offre et de la demande entre en jeu.

Du marché de Yopougon à celui de Treichville en passant par d’Adjamé, commerçants et clients ne cessent de se plaindre. Et pour cause, certains prix sont doublés voire triplés comme c’est le cas du riz, de l’huile, des légumes et de la viande.

«Cette augmentation des prix des aliments n’est pas due seulement à la Tabaski, mais à l’approche de toute fête c’est la même remarque. Pas plus tard que la semaine dernière, je me suis rendu au parc à bétail pour acheter un mouton pour la famille mais j’ai été surpris des prix qui vont jusqu’à 200.000 Fcfa», déplore El adj Sidiki Konaté, fidèle musulman.

L’un des aliments les plus prisés en cette période est l’oignon car présent presque dans tous les mets. Selon les témoignages des commerçants et clients, le prix du sac de l’oignon a presque triplé.

«Les prix sont déjà élevés à l’approvisionnement. Nous achetons plus cher que d’habitude. Il y a deux mois de cela, on achetait le sac à 6.000 Fcfa, 5.500 Fcfa voire 5.000 Fcfa. Actuellement ce même sac coute entre 15.000 et 16.000 Fcfa. A présent nous vendons le kilo à 700 Fcfa souvent 800 Fcfa contre 400 Fcfa et 350 Fcfa auparavant. C’est la loi du marché!», explique Touré Ibrahim, commerçant au marché de Yopougon Wassakara. «Et puis, en cette période de fête, la demande est très forte», ajoute-il.

Certains lient cette inflation aux frais de transport, aux taxes, aux dépenses occasionnées par la distribution ou encore à la rareté de certains produits. Pour Seydou, boucher au marché de Yopougon Siporex, «cette année, le contexte particulier des pays voisins qui approvisionnent nos marchés, impacte le prix du bétail. Ce n’est pas de la spéculation mais la réalité du terrain».

Les clients s’en remettent aux autorités. «On ne demande pas la gratuité, mais un minimum de justice. Il faut que l’État contrôle mieux les marchés, surtout en période de fête», implore Djé Zoé, une cliente rencontrée au marché de Wassakara.

Cependant, certains Abidjanais ne sont pas de cet avis comme Coulibaly Karidjatou, également commerçante. Pour elle, les prix restent inchangés. «Chez moi, rien a changé, ce sont les mêmes prix que nous pratiquons. Mieux, le prix de certains aliments tels que le “malo woussou“, a chuté. Le sac de ce type de riz qui coûtait 26.000 est passé à 23.000 FCFA», relate-t-elle.

Dans les allées encombrées du marchés, les clients tentent de faire des choix, souvent au détriment de la quantité ou de la qualité, pendant que les commerçants jonglent avec leurs marges réduites.

Chaque année, les grandes fêtes qu’elles soient religieuses ou non s’accompagnent de tensions sur les prix des produits alimentaires. La Tabaski avec l’affluence dans les marchés qu’elle provoque et la forte consommation prévue pour les repas en famille, aucun produit n’échappe à l’inflation.

Dans le contexte de la Côte d’Ivoire, où la fête est largement célébrée, la cherté des denrées alimentaires à l’approche de la Tabaski peut peser lourdement sur les budgets des ménages, surtout les plus modestes.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 04/06/2025 à 11h09