Les périodes des fêtes de fin d’année concentrent environ 20% des accidents, 20% des blessés et 19% des tués sur l’année. En 2023, plus de 250 accidents avaient été enregistrés la semaine précédant la fête de Noël. Les projections pour cette année 2024 suscitent des inquiétudes si des mesures ne sont pas prises notamment en raison de l’augmentation du trafic lié aux déplacements pour les fêtes.
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Certains pointent plusieurs facteurs à l’origine de cette recrudescence. D’abord, l’imprudence des conducteurs. «Beaucoup de chauffeurs roulent à vive allure car ils veulent augmenter leurs gains. Plusieurs d’entre eux prennent des stimulants pour rester éveillés», explique Sory Kéita, chauffeur de taxi.
Plusieurs enquêtes ont révélé que de nombreux conducteurs de gbaka et de camions roulent sous l’effet de produits dopants. L’état des véhicules accentuent le danger, tout comme l’indiscipline de certains piétons.
Pour les usagers de la route, chaque trajet devient source d’angoisse pendant cette période de l’année. Marie Laure Gnawa, commerçante à Yopougon, partage est de ceux-là, «nous voulons faire la fête en famille, mais on a peur à cause des accidents. En dehors des fêtes, chaque fois que je prends le car pour aller voir ma famille à Bouaké, je ne peux m’empêcher de prier pendant tout le voyage», retale-t-elle.
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Plusieurs passagers appellent à un renforcement des contrôles routiers. « C’est bien déjà que l’Etat ait initié le test d’alcoolémie, mais ça ne suffit pas. On voit rarement les forces de l’ordre sur les grandes voies pendant les périodes de fêtes. Pourtant, leur présence pourrait dissuader les chauffeurs de faire des excès », souligne François Kouamé, enseignant à Abobo.
L’enjeu des fêtes approchent à grands pas est de taille. Réduire donc le nombre d’accidents passe par une responsabilisation des conducteurs, une vigilance accrue des passagers et une implication soutenue des autorités. Les Ivoiriens espèrent que ces efforts conjugués permettront d’éviter les drames qui, chaque année, ternissent les célébrations de fin d’année.
Dans ce contexte, les syndicats de transporteurs jouent un rôle clé. La Maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI) a lancé, selon le premier responsable, Mamadou Soumahoro, une vaste campagne de sensibilisation pour inciter les conducteurs à la prudence. « Nous devons faire de cette fin d’année une période de zéro accident. La vie de nos passagers est une priorité. À cet effet, nous avons mis des éléments sur les routes faire du corps-à-corps avec les conducteurs pour leur rappeler que la vitesse tue, l’alcool au volant c’est criminel… », a déclaré Mamadou Soumahoro, président de la MTCI. Et d’ajouter, «nous appelons nos membres à limiter la vitesse, vérifier l’état de leurs véhicules et s’abstenir de consommer des substances nocives.»
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Le ministère des transports a entamé le renforcement des contrôles sur les axes stratégiques et secondaires dans la capitale et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays par la mise en œuvre de l’alcootest suivi des sanctions fermes contre les contrevenants, le déploiement de dispositifs dissuasifs, notamment des radars mobiles, la vidéoverbalisation etc. «Cette année, nous rassurons les passagers de faire zéro accident», promet Camara Mory, conducteur de minicar, appelé communément gbaka, et qui assure la ligne Abidjan-Divo.
Si les efforts de sensibilisation et de contrôle sont salués, certains estiment que des mesures structurelles restent nécessaires dont des programmes de formation continue pour les conducteurs et une réglementation plus stricte des véhicules en circulation. En attendant, l’appel à la vigilance est lancé à tous les usagers de la route. Une prise de conscience collective pourrait permettre d’éviter que les célébrations de fin d’année ne se transforment en drames humains.