Après des années de quasi inaction, l’adoption de ce texte est une première étape significative vers l’établissement d’une cour chargée de juger les auteurs de violations des droits humains et de «crimes économiques» commis lors des deux guerres civiles brutales qui ont fait environ 250.000 morts entre 1989 et 2003.
Malgré les pressions de la société civile et de la communauté internationale, le Liberia n’a encore tenu aucun procès sur cette période marquée par une litanie d’exactions imputables à toutes les parties: massacres de civils, actes de cannibalisme, tortures, viols, mutilations, enrôlement d’enfants soldats.
Des condamnations ont été prononcées par des tribunaux étrangers. L’ex-commandant rebelle Kunti Kamara est jugé en appel depuis mardi à Paris après sa condamnation à la prison à vie fin 2022 pour actes de barbarie et complicité de crimes contre l’humanité pendant la première guerre civile.
Les guerres civiles ont mis à genoux le pays, l’un des plus pauvres de la planète, ravagé une dizaine d’années plus tard par l’épidémie d’Ebola.
Plus des deux tiers des députés ont voté en faveur de la motion, qui va maintenant être débattue par le Sénat avant d’être transmise au président Joseph Boakai.
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«La résolution a été adoptée et la justice est enfin là pour le peuple libérien», a déclaré Jonathan Fonati Koffa, président de la Chambre des représentants après le vote.
Des législateurs ont été vus dansant et chantant «Tribunal des crimes de guerre, nous voulons la justice», a rapporté un correspondant de l’AFP.
Lors de sa prestation de serment en janvier, le président Boakai avait annoncé la création d’un office chargé «d’explorer la faisabilité» d’un tel tribunal, dont une commission spéciale avait recommandé la création en 2009. Cette recommandation est restée lettre morte.
Certains chefs de guerre et personnalités mis en cause par le rapport, comme le sénateur Prince Johnson, occupent toujours des positions éminentes en politique et dans l’économie. Le vice-président Jeremiah Koung est un allié de Prince Johnson.
«Si vous tripatouillez l’amnistie, vous tripatouillez la paix», a prévenu Prince Johnson mardi matin sur une radio de Monrovia.
M. Johnson fait valoir qu’il est protégé par une amnistie générale accordée à toutes les parties au conflit dans le cadre d’un accord de paix conclu à la fin de la guerre.