Le milliardaire Bill Gates soutient la production de vaccins ARNm contre les maladies endémiques dans deux pays africains

Le milliardaire et philanthrope américain Bill Gates et le président sénégalais Macky Sall.

Le 10/10/2023 à 14h08

L’Afrique ne produit que 1% des vaccins qu’elle consomme. Une dépendance qui devrait diminuer les années à venir avec les nombreuses initiatives prises par les pays africains et les soutiens de partenaires internationaux. Dans cette optique, la Fondation Bill & Melinda Gates a annoncé un soutien de 40 millions de dollars pour la production de vaccins à ARN messager contre les maladies endémiques du continent.

Depuis la crise sanitaire du Covid-19, les initiatives se multiplient en Afrique pour réduire la dépendance du continent vis-à-vis des importations de vaccins. Plusieurs pays du continent dont le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Rwanda, le Sénégal… ont lancé des initiatives visant à produire localement des vaccins destinés au continent.

C’est dans cette optique que s’inscrit l’initiative du milliardaires américains Bill Gates via la Fondation Bill & Melinda Gates. Ainsi, en marge de la réunion annuelle Grand Challenge 2023 qui s’est tenue le 9 octobre au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) à Diamniadio, au Sénégal, Bill Gates a annoncé un financement de 40 millions de dollars pour faciliter la recherche de vaccin ARN messager (ARNm) en Afrique.

L’Organisation mondiale de la santé définit ainsi le vaccins à ARN messager : «Un vaccin à base d’acides nucléiques fournit un ensemble spécifique d’instructions à nos cellules, que ce soit sous forme d’ADN ou d’ARNm, pour que celles-ci fabriquent la protéine spécifique que nous souhaitons que notre système immunitaire puisse reconnaître et combattre. La technique à base d’acides nucléiques est une nouvelle façon de développer des vaccins».

Cette initiative de la Fondation Bill & Melinda Gates a été saluée par le président Macky Sall qui co-présidait avec Bill Gates cette rencontre annuelle d’échange et de dialogue pour stimuler la recherche, l’innovation et le financement en matière de santé et de développement. Une rencontre qui rassemble annuellement au Sénégal, siège de la Fondation Bill & Melinda Gates pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, la communauté scientifique, les bailleurs de fonds et les décideurs politiques pour relever les grands défis mondiaux.

Plus concrètement, ce financement bénéficiera à la société belge Quantoom Biosciences, créatrice d’une plateforme de production automatisée de vaccins ARNm, qui recevra 20 millions de dollars pour promouvoir cette technologie dans les pays africains.

Ainsi, la plateforme de l’entreprise belge sera utilisée par l’Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal, et la société Biovac, basée en Afrique du Sud, pour produire des vaccins ARNm contre des maladies endémiques du continent africains: fièvre de Lassa, fièvre de la vallée du Rift ou encore la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. «Cette machine intègre toutes les phases opératoires nécessaires à la fabrication de médicaments à base d’ARNm. On fournit dont les réactifs, c’est-à-dire la substance chimique. Ce que vous obtenez de la machine en mode continu, c’est de l’ARNm purifié, qui sera le principe actif de votre vaccin», a expliqué Jose Castillo, PDG de Quantoom Biosciences.

Pour le milliardaire et philanthrope américain, Bill Gates, «L’idée est que beaucoup de futurs vaccins, que ce soit pour les maladies locales en Afrique telles que celles de la Vallée du Rift ou pour des maladies répandues dans le monde telles que la tuberculose, l’ARNm semble être une approche très prometteuse. Cela nous permet donc de faire appel à de nombreuses compétences africaines pour travailler sur ces vaccins, qui pourront ensuite être développés à plus grande échelle».

A noter qu’actuellement, l’Afrique ne produit qu’à peine 1% des vaccins qu’elle consomme. Depuis la crise sanitaire du Covid-19, qui a mis à nu la vulnérabilité du continent face aux pandémies, les pays africains revendiquent plus de souveraineté en matière de santé. L’Union africaine s’est même fixée pour objectif d’atteindre 60% d’autosuffisance en vaccins à l’horizon 2040.

Et dans cette optique, le Sénégal qui a une tradition dans la production de vaccins via l’Institut Pasteur de Dakar, est appelé à jouer un rôle important. D’ailleurs, en juillet dernier, une autre initiative de fabrication de vaccins d’une valeur de 45 millions de dollars a été dévoilée à Dakar avec le lancement d’un partenariat entre l’Institut Pasteur de Dakar et la Fondation MasterCard.

Appelée MADIBA, pour Manufacturing in Africa for Disease Immunisation and Building Autonomy (Fabrication en Afrique pour l’immunisation contre les maladies et le renforcement de l’autonomie), cette initiative vise à contribuer à l’autonomisation de la production de vaccins en Afrique. Dans le cadre de ce partenariat, un centre d’excellence en matière de formation sera mis en place à Dakar pour doter les pays africains en compétences spécialisées dans divers aspects de la recherche, de la fabrication, de la production et de la distribution de vaccins.

A travers ces initiatives, et des nombreux projets initiés par plusieurs pays africains, le continent devrait rapidement réduire sa forte dépendance vis-à-vis des importations de vaccins et surtout être à même de faire face aux maladies endémiques qui touchent le continent.


Par Moussa Diop
Le 10/10/2023 à 14h08