Des jihadistes ont vandalisé la ligne de transmission entre Shiroro et Mando, des localités situées dans l’Etat du Niger (ouest), affectant la fourniture électrique dans 19 des 36 Etats du pays, a affirmé l’opérateur électrique national Transmission Company of Nigeria (TCN).
Les plus de 220 millions d’habitants du pays le plus peuplé du continent sont habitués aux fréquentes coupures électriques d’un réseau trop faible pour répondre aux besoins nationaux.
Mais les attaques jihadistes régulières dans la moitié nord du pays ont aggravé le problème ces dernières années.
Le président Bola Tinubu a ordonné le déploiement de « personnel de sécurité adéquat » pour protéger le travail des ingénieurs qui réparent les lignes électriques, a précisé la présidence lundi dans un communiqué.
Dans la journée, les gouverneurs des 19 États du Nord se sont réunis à Kaduna (nord) pour demander le rétablissement immédiat de l’électricité dans la région, déplorant les conséquences socio-économiques de la panne dans la région.
Lire aussi : Johannesburg plongée dans le noir après le vol de câbles électriques
Le porte-parole de la TCN, Ndidi Mbah, a expliqué dans un communiqué la semaine dernière que les travaux de réparation avaient été retardés pour des raisons de sécurité, par crainte d’une attaque jihadiste.
«Nous avons arrêté de travailler»
L’État du Niger abrite la plus grande centrale hydroélectrique du Nigeria, à Shiroro. Il est, comme d’autres Etats du nord, depuis des années secoué par une insurrection jihadiste qui a fait plus de 40.000 morts et de 2 millions de déplacés en quinze ans.
Depuis quelques années, la population de l’État est également terrorisée par des groupes criminels armés, appelés localement «bandits». Très présents dans la région de Shiroro, ils mènent des raids meurtriers dans des villages, pillent les maisons et enlèvent les habitants pour obtenir une rançon.
Ces «bandits» se sont rapprochés des principaux groupes jihadistes de la région, Boko Haram et sa faction rivale, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), soulignent les experts.
Lire aussi : Les Sud-africains confrontés à 200 jours de délestages électriques supplémentaires en 2024
«Cette panne d’électricité nous étouffe. Nous avons arrêté de travailler car payer un générateur est trop cher», déplore Umaru Abubakar, tailleur dans le quartier de Fagge à Kano, en référence à la hausse du prix de l’essence, qui a quintuplé depuis les réformes économiques amorcées par le président Tinubu en 2023.
Pénurie d’eau
L’absence de courant est également vécue comme un «cauchemar» pour tous ceux qui ne peuvent travailler faute de pouvoir recharger leurs téléphones et ordinateurs.
«Nous allons dans des hôtels, des bars et d’autres endroits pour recharger nos téléphones et nos ordinateurs portables afin de pouvoir travailler», confie Ahmad Isah, journaliste à Kaduna, dans le nord-ouest du pays.
Les habitants de Katsina (nord) sont également confrontés à une grave pénurie d’eau en raison des actes de vandalisme. Depuis, le prix du bidon d’eau potable de 25 litres y a été multiplié par cinq.
Depuis la coupure de courant, les forages commerciaux qui fournissaient de l’eau aux habitants doivent fonctionner avec des générateurs à essence, dont le tarif est élevé, explique Mohammed Mukhtar, un habitant de la ville.
Les prix de l’eau ont donc quintuplé, et «la plupart des foyers ne peuvent plus en acheter», explique-t-il.