Le Rwanda commémore les 31 ans du génocide perpétré contre les Tutsi pour «se souvenir et bâtir»

Le président Paul Kagame et la première Dame, Jeannette Kagame à l'ouverture de la 31e commémoration du génocide contre les Tutsi.

Le président Paul Kagame et la première Dame, Jeannette Kagame à l'ouverture de la 31e commémoration du génocide contre les Tutsi.

Le 10/04/2025 à 12h25

VidéoJusqu’au 13 avril, les Rwandais et leurs amis du monde entier participent à des activités de commémoration pour honorer la mémoire de plus d’un million de vies perdues pendant le génocide contre les Tutsis, qui s’est déroulé en seulement 100 jours, il y a 31 ans.

Lors de la cérémonie marquant l’ouverture officielle de la 31ᵉ période de commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi, un silence chargé d’émotions enveloppait les jardins et l’amphitheatre du Mémorial de Gisozi, à Kigali. Parmi les voix qui ont brisé ce silence, celle de Freddy Mutanguha, survivant du génocide, a profondément touché l’assemblée.

Freddy avait 18 ans quand le génocide a éclaté en avril 1994. Dans un témoignage émouvant, il a rappelé les horreurs vécues: la perte brutale de ses proches, les mois passés à fuir la mort et, finalement, son salut grâce aux soldats du Front Patriotique Rwandais (FPR-Inkotanyi). Un chemin de survie qui, pour lui et tant d’autres, reste gravé comme un appel permanent à la vigilance et à la transmission de la mémoire. Freddy travaille également au Mémorial de Gisozi.

«Ce mémorial a été plus qu’un lieu de travail, c’est un foyer pour moi. Travailler ici m’a profondément transformé. Essayer d’apprendre et de comprendre mon histoire, l’histoire de notre pays, expliquer aux visiteurs les causes profondes du génocide contre les Tusti, essayer de partager le voyage de transformation de mon pays, qui est passé des cendres à une nation pacifique et prospère, cela a été un voyage très positif et curatif pour mo

Plusieurs témoignages comme celui de Freddy Mutanguha montrent que le génocide des Tutsi a commencé bien avant 1994, l’année de son aboutissement. En 1973 par exemple, les parents de Freddy ont fui au Burundi et c’est là que trois ans après il est né. Aujourd’hui, les Rwandais commémorent pour que ce qui s’est passé ne puisse se reproduire et ils y croient fermement. Pour le président rwandais Paul Kagame, ils ont raison.

«Dans son témoignage, quand cet homme (Freddy, ndlr) nous parlait de l’espoir qu’ont les Rwandais de ne plus vivre qui s’est passé, ce n’est pas parce que ceux qui en sont responsables ne vont pas encore essayer ou qu’ils n’essayent pas encore aujourd’hui. Ça ne passera pas parce qu’il y aura les gens qui vont se lever et se battre pour que ça ne se reproduise plus jamais» a-t-il déclaré.

Dans un contexte particulier de conflit dans la région et dans différentes parties du continent et dans le monde en général, le président Paul Kagame a livré un message poignant. Il s’est attardé sur le fait que les Rwandais et les Africains ne doivent pas laisser les autres décider de leur destin. Dans le cas du Rwanda, plusieurs études montrent que le génocide des Tutsi est le résultat de plusieurs années de politique de discrimination introduite et promue par les colons.

«Chers Rwandais, ne devez votre vie à personne d’autre. Ayez le courage de faire face à la situation et au moment tels qu’ils sont, n’offensez personne, mais battez-vous toujours pour ce qui vous appartient. Ne permettez à personne de vous dicter la façon dont vous devez vivre votre vie, car dès que vous l’acceptez, vous perdez votre vie», a déclaré le président Kagame.

Dans ce moment de recueillement et de solidarité, les Rwandais sont appelés à raviver la flamme de la mémoire, non pas pour rouvrir les blessures, mais pour puiser la force nécessaire pour bâtir une société toujours plus juste, unie et résiliente.

La commémoration, qui s’étendra sur cent jours, s’inscrit dans cet esprit: honorer la vérité historique, soutenir les rescapés, et transmettre aux jeunes générations l’importance de l’unité et de la responsabilité collective.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 10/04/2025 à 12h25