Les Sénégalais se préparent au ramadan: de l’importance de la prière du vendredi

Des fidèles musulmans lors de la prière du vendredi à Dakar, Sénégal.

Le 06/02/2025 à 11h53

VidéoAu Sénégal, pays à majorité musulmane (plus de 95% de la population), le ramadan est synonyme de regain de ferveur religieuse. En ce mois de chaâbane, les fidèles se préparent à accueillir ce mois de piété et la prière du vendredi représente plus qu’un rassemblement, c’est un rappel à la fraternité et à la spiritualité qui doit animer chaque musulman.

Le hasard du calendrier lunaire a fait que baraxlu, ou chaabane, a débuté par un vendredi, le 31 janvier 2025, marquant ainsi le dernier mois avant ramadan. Saisissant cette alignement des astres, l’imam Mbissane Faye, prédicateur bien connu, rappelle l’importance de la prière du vendredi en référant au Coran: «Ô vous qui croyez! Quand on appelle à la prière du vendredi, accourez à l’invocation de Dieu et délaissez tout commerce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez!» (Sourate Al-Jumu’a, verset 9). Selon lui, la prière du vendredi est «un moment de grande miséricorde divine où Dieu répand d’innombrables bienfaits sur ceux qui s’y rendent avec sincérité».

Un fidèle assidu, Seydina Mouhamed Diallo, abonde dans le même sens, «beaucoup de gens ne voient dans cette prière qu’un rassemblement de fidèles vêtus de blanc, sans prendre conscience des bénédictions et des grâces que Dieu accorde».

Au-delà de l’aspect collectif, le Jumu’a est un rappel puissant de la fraternité et de la spiritualité en Islam, un moment où les croyants se retrouvent dans l’humilité et la ferveur.

L’aumône du vendredi, un acte de générosité sanctifié

Dans la tradition islamique, le vendredi ne se limite pas à la prière; c’est est aussi un jour où l’aumône prend une dimension particulière. Offrir aux nécessiteux en ce jour béni est un acte hautement méritoire qui, selon les enseignements du Prophète (PSL), protège contre les épreuves et attire la bénédiction divine.

L’imam Mbissane Faye souligne que «l’aumône est un acte vertueux, particulièrement recommandé le vendredi. Elle protège des malheurs et sera source de récompense pour celui qui la donne, le jour du jugement dernier».

Maodo Fall Coly, un fidèle musulman, insiste sur la valeur spirituelle de cette pratique: «Il existe différentes formes d’aumône, mais la plus recommandée est celle offerte uniquement pour la satisfaction de Dieu. Elle se distingue des pratiques associées aux charlatans et aux féticheurs. Par ailleurs, il convient de donner ce que l’on possède de meilleur, et non des objets dont on n’a plus l’usage».

Quant à Seydina Mouhamed Diallo, il rappelle que bien que l’aumône puisse être donnée à tout moment, «certains jours sont plus bénis que d’autres, notamment le vendredi, jour particulièrement important aux yeux de Dieu, qui y multiplie les récompenses».

Pourquoi la mosquée est-elle le lieu privilégié pour l’aumône? Outre son rôle de lieu de prière, la mosquée est également un centre de solidarité où l’entraide entre croyants prend tout son sens.

Maodo Fall Coly explique ce choix: «Pourquoi choisir la mosquée pour faire l’aumône? Parce que de nombreux fidèles confient discrètement leurs difficultés à l’imam. Celui-ci profite alors de ce rassemblement de croyants pour solliciter de l’aide en leur faveur, sans révéler l’identité du demandeur».

Cette approche discrète et noble permet d’aider les plus démunis sans les exposer, renforçant ainsi le sens du partage et de la fraternité dans la communauté musulmane. Une tradition qui unit foi et solidarité.

La prière du vendredi et le rituel de l’aumône sont deux piliers essentiels de la vie spirituelle des musulmans. Si le Jumu’a est un moment de communion avec Dieu, l’aumône est l’expression concrète de la compassion et du partage. Dans une société en quête de valeurs, ces pratiques rappellent que la foi ne se limite pas aux paroles, mais qu’elle s’exprime aussi à travers les actes. Donner et prier, deux gestes simples mais porteurs d’une profonde signification spirituelle et sociale.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 06/02/2025 à 11h53