«L’Organe de lutte contre l’immigration clandestine (DCIM) a organisé des rapatriements vers leurs pays de migrants en situation irrégulière», avec deux vols: «le premier transportant 204 Nigérians et le second 165 Maliens», a déclaré à l’AFP le général Mohamad Baredaa, un responsable du DCIM, rattaché au ministère de l’Intérieur.
Parmi les ressortissants nigérians, on a dénombré 108 femmes, 18 mineurs et neuf bébés.
Il s’agit de «départs volontaires organisés en coordination avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)», a assuré le responsable. L’OIM aide, à travers un programme de retour humanitaire volontaire (VHR), les migrants bloqués en Libye ou en situation de vulnérabilité.
Mais certains ont dit n’avoir pas eu d’autre choix que repartir.
«Ils sont venus la nuit et ont fracassé la porte» de la maison, «m’ont pris mon passeport et m’ont emmené avec ma femme. On nous a tout pris. Pour moi, c’est fini la Libye!», a confié à l’AFP Hakim, un Nigérian en instance de rapatriement. «Il fallait au moins nous donner le temps de nous organiser», a déploré cet homme de 58 ans qui vivait en Libye depuis 25 ans.
Passeurs et trafiquants ont profité du climat d’instabilité qui règne en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 pour développer des réseaux d’immigration clandestine.
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Située à environ 300 kilomètres des côtes italiennes, elle est devenue l’un des principaux points de départ en Afrique du Nord pour des milliers de migrants, en majorité d’origine subsaharienne, cherchant à rejoindre clandestinement l’Europe.
Souvent interceptés lors de leur périlleuse traversée, de nombreux migrants, sans documents ni titres de séjour, sont régulièrement interpellés en ville, à leur domicile ou sur leur lieu de travail informel et placés dans des centres de détention.
Le général Baredaa a affirmé que les interpellations étaient menées «après dépôt d’une plainte au DCIM par les municipalités» où se trouvent les migrants et effectuées sur «ordre du procureur» concerné.
Le 10 juillet, le ministre de l’Intérieur Imed Trabelsi avait chiffré à «près de 2,5 millions» le nombre d’étrangers, sur près de sept millions d’habitants, affirmant que «70 à 80% (étaient) entrés de manière illégale». «La Libye ne peut plus continuer à en payer le prix», avait-il dit, jugeant «inacceptable» leur installation définitive dans le pays.