Situé à Ségou-Médine, le Centre Niéléni de Ségou, une initiative des Sœurs Blanches, a vu le jour en 1982. A l’origine cette structure était dédiée au tissage de tapis fait en laine de mouton. Par la suite, une coopérative multifonctionnelle a vu le jour pour offrir un cadre de travail à un groupe de femmes, toutes initiées à cet art dès la création du centre.
Dans ce Centre, les femmes utilisent comme matières premières la laine de mouton provenant de Mopti ainsi que du coton égrené, transformé en fil de trame par la Compagnie malienne de développement des textiles (COMATEX).
«Un tapis d’un mètre de largeur et deux mètres de longueur peut prendre jusqu’à 45 jours de travail», explique une membre de la coopérative. Mariétou Koumaré, une tisserande qui évolue au centre depuis son ouverture, explique certaines étapes de la fabrication «nous tissons des tapis avec de la laine de mouton comme matière première qui nous arrive de Mopti. La laine de mouton se vend à 1.600 FCFA le kilo. Quand nous en recevons, des employées s’en occupent pour tri. La laine passera par la suite à l’étape de l’égrenage».
Kadia Diakité, tient un discours qui en dit long sur les conditions de vie de ses consœurs «j’accomplis de nombreuses tâches, mais ma spécialité, c’est d’égrener la laine. C’est la passion qui me retient dans ce métier, sinon il n’est pas aussi rentable comme beaucoup le pensent. En plus, mon souhait le plus cher est que je sois autonome. J’ai besoin de ce travail.»
Fatoumata Maïga a quant à elle intégré le Centre tout à fait par hasard, «un jour, j’étais de passage lorsque j’ai vu des tapis accrochés au métier à tisser. Le design m’a attirée et j’ai dès lors décidé de venir apprendre à tisser auprès de ma belle-mère. Elles font un travail remarquable qui mérite d’être perpétué».
Après avoir connu la renommée, le Centre manque cruellement de clients. D’ailleurs, en raison de la conjoncture économique difficile que connaît le Mali, les femmes ne travaillent plus que sur commandes. De rares demandes émanent d’amateurs passionnés de tapis en laine ovine.
De plus, avec l’âge, leur endurance des tisserands diminue, tandis que la vie devient de plus en plus difficile et coûteuse. Dans un contexte économique incertain, l’avenir du Centre Niéléni de Ségou est incertain, laissant planer un doute fort sur la pérennité de cette tradition artisanale.