Mali: six routiers sénégalais enlevés par des «jihadistes» qui veulent asphyxier Bamako

Des camions sénégalais à destination du Mali.

Le 06/09/2025 à 07h55

Des jihadistes présumés ont enlevé jeudi dans l’ouest du Mali six chauffeurs routiers sénégalais dans le cadre d’une stratégie visant à asphyxier Bamako, ont indiqué vendredi à l’AFP un syndicat de transporteurs et le gouvernement sénégalais.

Des jihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont annoncé mercredi soir un «blocus» dans l’ouest du Mali, par où transitent la majorité des biens qu’importe ce pays enclavé depuis le Sénégal, notamment du carburant.

«Six de nos compatriotes sénégalais (...) ont été enlevés au Mali par des groupes jihadistes», a indiqué l’Union des transporteurs routiers du Sénégal (URS), un des principaux syndicats de ce secteur, dans un communiqué vendredi.

«C’est confirmé», a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement sénégalais, Moustapha Njekk Sarré.

Les six routiers enlevées sont «deux conducteurs et quatre apprentis», kidnappés jeudi sur un axe routier de la zone de Kayes, a détaillé le responsable de l’URS Gora Khouma, joint au téléphone par l’AFP.

Ils circulaient à bord de trois camions chargés de marchandises, a précisé à l’AFP Daouda Lô, un porte-parole de l’URS, sans préciser la nature des biens convoyés.

L’URS appelle «les autorités sénégalaises, maliennes ainsi que les organisations sous-régionales et internationales à tout mettre en œuvre pour obtenir leur libération dans les plus brefs délais».

En raison de l’insécurité dans l’ouest du Mali, des responsables de compagnies de transports de marchandises et de passagers maliens ont affirmé vendredi à l’AFP avoir arrêté leurs activités dans la zone.

Le Sénégal n’a jamais subi d’attaque jihadiste sur son sol mais des assauts islamistes coordonnés ont été menés le 1er juillet à ses portes, contre des positions de l’armée malienne dans plusieurs villes de l’ouest du Mali, causant la mort d’au moins un civil.

Attaques multipliées par sept

Une des localités ciblées, Diboli, est située à moins de 500 mètres de la localité sénégalaise de Kidira. Les attaques avaient été revendiquées par le GSIM, affilié à Al-Qaïda.

Le Sénégal a renforcé depuis quelques années les mesures de sécurité à sa frontière avec le Mali, qui a également renforcé les patrouilles.

Le GSIM « cherche à s’implanter au Sénégal et en Mauritanie depuis la région frontalière commune du sud-ouest du Mali, où le mouvement jihadiste affilié à Al-Qaïda a augmenté ses activités «de façon exponentielle», a relevé fin avril une étude du think tank sénégalais Timbuktu Institute.

Dans cette région, le groupe a «multiplié par sept» ses actions violentes entre 2021 et 2024, ciblant les forces de sécurité, les postes de douane et les convois sur les routes vers Bamako, la Mauritanie et le Sénégal, selon l’étude.

«L’objectif principal est de couper les routes d’approvisionnement vers Bamako dans une double logique de délégitimer les autorités (maliennes) et de se créer des réseaux économiques qui peuvent financer leurs activités dans la région», avait expliqué à l’AFP Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute, lors de la parution.

Le secteur de «Kayes revêt une valeur stratégique pour le GSIM. La région représente environ 80% de la production d’or du Mali et sert de corridor commercial vers le Sénégal», premier fournisseur du pays, abonde le groupe de réflexion Soufan Center.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires.

La junte au pouvoir à Bamako depuis le double coup d’Etat de 2020 et 2021 a tourné le dos à l’ancienne puissance coloniale française et s’est rapproché de la Turquie et de la Russie.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 06/09/2025 à 07h55