Chouala Bayaya Haidara est un guide spirituel chiite connu pour être proche de l’Iran. Il s’illustre depuis quelques mois par ses propos critiques vis-à-vis des colonels arrivés au pouvoir par la force en 2020. Il a été interpellé mardi chez lui par la Brigade d’intervention judiciaire (BIJ).
M. Haidara a été placé sous mandat de dépôt pour «atteinte aux crédits de l’Etat, publication et diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public», a indiqué à l’AFP le parquet du pôle spécialisé dans la lutte contre la cybercriminalité. La date de son jugement est fixée au 4 mars.
La Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS) a apporté son soutien «indéfectible» à Chouala Bayaya Haidara, a indiqué la CMAS dans un communiqué mardi.
L’imam Dicko est une figure tutélaire d’un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d’état militaire en 2020.
Il est l’un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte et à pouvoir mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le prêcheur Chouala Bayaya Haidara dénonce des «emprisonnements sans jugement» et le «manque d’électricité» dans le pays.
«Je supplie les autorités pour qu’ils arrêtent d’arrêter les gens. Ils doivent nous donner de l’électricité mais ils arrêtent tout le monde et ceux qui ont été arrêtés n’ont pas été libérés dans le pays», dit-il en bambara.
Les coupures d’électricité sont fréquentes dans ce pays sahélien confronté à des violences multiformes dont des attaques jihadistes.
Les voix discordantes peinent à s’y faire entendre sans risquer d’être inquiétées.
Le Mali est en proie depuis 2012 aux agissements des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, aux violences de groupes proclamés d’autodéfense et au banditisme. La crise sécuritaire se double d’une crise humanitaire et politique profonde.