Le géant BP qui dirige le consortium qui exploite la plateforme offshore Grand Tortue Ahmeyim (GTA), commun à la Mauritanie et au Sénégal, vient d’annoncer la fin de la fuite de gaz au sein de l’unité d’exploitation après un mutisme de près d’un mois. «Nous avons élaboré un plan pour arrêter les bulles et avons mobilisé des équipements spécialisés et du personnel», avait affirmé la compagnie pétrolière, promettant de «donner la priorité à la sécurité des personnes et de l’environnement». Le Britannique BP avait estimé que l’impact que la fuite de gaz pourrait avoir sur l’environnement est «négligeable.»
Les ONG ne l’entendent pas de cette oreille et et ont organisé une rencontre avec la presse, le 13 mars à Nouakchott durant laquelle elles formulent plusieurs revendications, pour gérer les conséquences environnementales, économiques et sociales, de l’incident et assurer une gestion plus concertée des risques à l’avenir.
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Dans cet esprit, la plate forme «déplore la relative discrétion de la compagnie BP, au début de l’affaire. Une communication à minima, qui a suscité une grosse inquiétude, malheureusement confirmée, par le fait qu’il a fallu dix jours, pour mobiliser des moyens d’intervention.»
Ces ONG réclament «un audit indépendant pour évaluer les impacts environnementaux, un programme de réparations et de compensation» et «la mise en place d’un Conseil Consultatif des citoyens, constitué des OSC actives sur le littoral et des représentants des communautaires côtières, pour cogérer avec la compagnie BP et les autorités, les situations de crise».
Mohamed Habib Diallo en est membre et avertit «les exploitations offshore peuvent avoir des risques, si des mesures ne sont pas prises, comme c’est le cas avec fuite de gaz sur la plateforme GTA. Les données scientifiques relatives au milieu marin mauritanien sont rares, et s’en occuper est très compliqué vu le peu d’informations disponibles. En 2005, des Espagnols avaient découvert un récif corallien long de 468 kilomètres dans les eaux froides mauritaniennes, l’un des plus grands du monde. Cette fuite de gaz peut avoir des impacts irréversibles sur l’environnement, la biodiversité et peut porter préjudice aux communautés de pêcheurs.»
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Pour sa part, Maimouna mint Saleck, président d’une ONG dédiée à la biodiversité, désapprouve le silence de BP «On a pas eu de données précises depuis le premier jour. Une seule information de BP, en réponse à notre mail, reconnaissant ‘quelques bulles’ alors qu’on avait besoin d’avoir les images, connaître l’importance de la fuite. Nous sommes une dizaine d’organisations de la société civile à initier cette rencontre avec la presse, après la tenue d’un webinaire avec des scientifiques spécialistes de biodiversité marine et les dangers de l’exploitation d’hydrocarbures dans cette zone sensible et riche en biodiversité. Nous avons collecté le maximum d’informations scientifiques et juridiques sur lesquelles se vase BP» pour formuler une série de recommandations pour une meilleure gestion de l’écosystème marin.