Des Mauritaniennes, députées et militantes de la société civile, mènent un combat crucial visant l’adoption du projet de loi relatif à «la lutte contre les violences à l’égard de la femme et de la fille», dite loi «Al Karama» (dignité).
Ainsi, après plusieurs années de tergiversations imposées par la pression des milieux conservateurs, le gouvernement mauritanien a adopté la loi protégeant les femmes contre toutes les formes de violences physiques et morales, en conformité avec ses engagements internationaux.
Toutefois, ce texte, soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale au bout d’un interminable chemin de croix, continue à rencontrer de nombreux obstacles de la part des conservateurs qui soulèvent des problèmes sociologiques et «religieux».
Des difficultés face auxquelles les femmes leaders ont décidé de se mobiliser, pour faire passer le texte visant à mettre fin aux violences, aux souffrances et au martyre d’une catégorie sociale vulnérable.
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Amy Sow, artiste plasticienne, approuve la démarche des femmes, consistant à descendre régulièrement sur le terrain pour exiger l’approbation et l’application de la loi «Al Karama». Elle déplore au passage l’attitude de ceux qui rejettent la loi par incompréhension ou mauvaise foi, voire qui nourrissent un dessein «inadmissible» de domination.
Pour sa part, Sinya Haidara, présidente d’une ONG, expose les objectifs de la loi «Al Karama» qui vise à protéger les femmes mauritaniennes contre toutes les formes de violences physiques, sexuelles, sociales et morales. Un texte parfaitement conforme à l’Islam, soutient-elle, expliquant que celui-ci a été préparé par le gouvernement, en collaboration avec le Haut Conseil de la Fatwa. Elle rappelle que cette loi ne vient pas de l’Europe ou des Etats-Unis comme veulent le faire croire certains conservateurs.
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Par rapport à l’article 28 de la loi relative au délit de séquestration, l’activiste estime qu’il y a une incompréhension qui peut être dépassée à travers un débat ouvert.
Allant dans le même sens, Oumou Khairy Youssouf, militante des droits des femmes, rappelle les multiples violences subies par les femmes dans les foyers, et plaide en faveur de l’adoption d’une loi préparée par le gouvernement, ne comportant aucune disposition contraire à l’Islam.
Enfin, Mohamed Koyri Diallo, militant des droits humains, approuve la loi. Toutefois, il avance des réserves par rapport à l’article 28, relatif à l’autorité du mari au sein de la famille.