Mauritanie-Mali: l’arrêt de la transhumance du bétail nourrit bien d’inquiétudes

Des éleveurs mauritaniens.

Le 23/10/2025 à 14h33

VidéoPrès de 70% des 30 millions de têtes qui constituent le cheptel mauritanien s’alimentent dans les pâturages du Mali. Mais depuis que Bamako a décidé de fermer ses frontières, les éleveurs mauritaniens ne peuvent plus nomadiser à la recherche de prairies naturelles pour leurs bêtes. Les conséquences peuvent être terribles.

L’arrêt de la transhumance du cheptel mauritanien vers le Mali aura des conséquences très néfastes sur l’économie mauritanienne et pourrait engendrer des tensions sociales au niveau des quatre régions de l’Est et de Sud-Est limitrophes du Mali: Hodh el Charki, Hodh el Gharbi, Assaba et Guidimakha.

L’arrêt de la transhumance peut avoir des impacts socioéconomiques dans un pays où le secteur de l’élevage est l’un des principaux piliers de l’économie et représente environ 10,1% du PIB en 2020, 70% de la valeur ajoutée du secteur rural et emploie 10% de la population active.

Mohamed Maouloud, président de l’Union des Forces de Progrès (UFP/opposition) et Alioune Kane, cadre du Groupement National des Associations Pastorales, évoquent cette fermeture avec une vive inquiétude et tirent la sonnette d’alarme.

«La fermeture de la frontière avec le Mali était prévisible à cause de l’insécurité. Cependant, cette mesure a de graves conséquence pour nos éleveurs qui se retrouvent dans l’impossibilité de transhumer vers les pâturages du Mali».

Une situation face à laquelle le gouvernement mauritanien n’a pas anticipé. «Rien n’a été fait pour se préparer au pire. Aujourd’hui, la frontière est fermée. Nous avons tous nos éleveurs dans les deux Hodh, l’Assaba et le Guidimakha, mais pour combien de temps encore? D’ici quelques mois, il leur sera impossible d’y rester».

Une absence de solution pourrait provoquer la perte d’une importante partie du bétail, une des principales richesses de la Mauritanie.

Alioune Kane, cadre du Groupement National des Associations Agropastorales est inquiet. «Le gouvernement malien a publié une circulaire pour dire stop à la transhumance du cheptel mauritanien sur son territoire. Plus de 70% du bétail mauritanien transhume vers le Mali. C’est un problème pour l’Etat et surtout pour les éleveurs que nous sommes. L’état prend déjà des initiatives pour faire face à la nouvelle situation, mais nous lançons un appel, aux partenaires techniques et financiers».

Ces derniers sont invités à accompagner un projet de développement de culture fourragère et d’alimentation en eau dans certaines régions.

Entre ovins et caprins, bovins et camelins, la Mauritanie compte plus de 30 millions de têtes.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 23/10/2025 à 14h33