Ce nouveau passage au milieu des jardins est emprunté par des véhicules qui soulèvent des nuées de poussière, nuisibles à la santé des population riveraines et au développement des plantes.
Il faut ajouter à cela la pollution des jardins potagers et l’agression que représente l’implantation de magasins et boutiques dans la commune de Sebkha (sud-ouest de Nouakchott).
Dans ce petit paradis en plein désert menacé par le béton, travaillent et gagnent leur vie plusieurs centaines de personnes: jardiniers, fleuristes, arboriculteurs, pépiniéristes, producteurs de fertilisants à partir de la valorisation des déchets organiques...
Oumar MBow, horticulteur depuis 1996, et paysagiste spécialisé dans l’installation d’espaces verts, rappelle les conditions de création et les efforts de préservation de ce havre de verdure, par plusieurs générations d’hommes dévoués pour donner à la ville de Nouakchott un poumon vert, qui s’étend sur plusieurs d’hectares.
Il déplore la situation d’un endroit «aujourd’hui menacé par les industriels et tous ceux qui sont contre les espaces verts, intéressés par la perspective de transformer ce lieu en un endroit commercial à coups de ciment et de pierres. Une option que nous rejetons catégoriquement».
Et face au péril qui menace cet unique espace vert de la capitale, «nous voudrions attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les enjeux environnementaux et sanitaires d’un espace qui protège les populations contre de nombreuses maladies».
Pour toutes ces raisons, le paysagiste invite le gouvernement à légiférer en vue de doter les jardins d’un statut les protégeant contre toutes les menaces et tentatives de prédation, notamment de la part d’opérateurs nourrissant des visées de création d’activités commerciales et de loisirs.
Djibril Abou Touré, fleuriste, déplore la création d’une piste sans goudron, qui vient perturber les activités, car elle dégage «de la poussière. Ce trafic tue nos plantes et nous rend malades».
Discours identique de la part d’Abdoulaye Sow, jardinier. Il relève les désagréments causés «par une nouvelle piste en terre, qui nous oblige à arroser constamment les plantes, entraînant de nouvelles dépenses pour le gasoil».
Bref, les «Jardins», comme l’appellent les Nouakchottois, sont un bijou à préserver absolument pour lutter contre les multiples agressions naturelles qui menacent la capitale et son patrimoine écologique.
Ce poumon vert a longtemps servi à approvisionner, en partie, Nouakchott, en légumes, fruits et surtout de la menthe nécessaire au thé mauritanien. Désormais, c’est avec beaucoup de désolation que les habitants de la capitale voient les hommes d’affaires et promoteurs immobiliers grignoter petit-à-petit cet espace vert.