Dans le cadre de la lutte contre l’insalubrité et l’occupation anarchique des espaces publics, mais surtout de donner une fière allure à la capitale économique, le ministre gouverneur du district d’Abidjan, a lancé depuis l’année dernière une opération de déguerpissement.
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Les Abidjanais l’avaient connu encombré, bruyant, chaotique… mais le carrefour Mosquée sur le boulevard Nangui Abrogoua à Adjamé, arbore aujourd’hui un nouveau visage qui ne laisse pas indifférents visiteurs et riverains. Les installations en désordre, les étals ça et là et les vendeurs à la sauvette qui occupaient anarchiquement les trottoirs ont laissé place à un espace dégagé, plus ou moins propre et mieux structuré.
«Je viens fréquemment à Adjamé où il était très difficile de circuler surtout nous les piétions. Mais depuis que les gens ont été déguerpis des abords du boulevard, il y suffisamment d’espace pour pouvoir circuler librement, la façade de la Mosquée est bien visible maintenant», fait remarquer Zeuh Sahara, une habituée des lieux.
«On respire mieux maintenant», se réjouit Konaté Salimata, commerçante de tissus dans une boutique non loin de la grande mosquée. «Avant, c’était l’enfer pour passer, il y avait des étals partout, des embouteillages terribles, et l’insécurité. Aujourd’hui, c’est plus agréable», ajoute-t-elle.
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Cette opération entre dans le cadre de la volonté du district d’Abidjan de restaurer l’ordre et la fluidité sur les axes majeurs, à l’instar du boulevard Nangui Abrogoua, réputé pour son trafic intense et son activité commerciale foisonnante.
Les chauffeurs de taxi et autres usagers de la route accueillent aussi cette modernisation avec satisfaction, mais émettent quelques réserves «les embouteillages n’ont pas disparu, c’est toujours la même galère pour nous. Il faut aussi penser à réguler la circulation», suggère-t-il.
L’une des plus grandes bénéficiaires de ce nettoyage des grandes artères de la commune est la grande mosquée Salam d’Adjamé, située au centre de la commune, habituellement appelé «Carrefour Mosquée». Les travaux de rénovation de l’édifice religieux touchent à leur fin, ce qui réjouit l’imam El Adj Yacoub Koné, «le projet d’embellissement engagé par le ministre gouverneur nous a été profitable à notre communauté. Non seulement la grande voie Nangui Abrogoua a été désengorgée, la sécurité que nous n’avions pas aux alentours et souvent à dans la cour de la mosquée, est désormais rétablie. La tranquillité est revenue et les prières se font dans de très bonnes conditions. Parfois, il y a tellement de monde que les fidèles débordent jusqu’à la chaussée», se réjouit le président du comité d’organisation de la mosquée, avant de dresser des mots de remerciement à l’endroit des autorités.
La Grande Mosquée Salam d'Adjamé vue de loin.
Cependant, ces opérations, bien que nécessaires pour assainir le paysage, laissent souvent plusieurs personnes dans la désolation, contraintes de trouver refuge sur la voie publique du boulevard Nangui Abrogoua, à la merci des agents de force et de sécurité municipale.
Du côté des commerçants ambulants, le soulagement est mêlé d’inquiétude. Délogés des abords du carrefour, plusieurs d’entre eux tentent tant bien que mal de poursuivre leur activité. Certains, comme Diallo Adiaratou, vendeuse ambulante de vêtements, errent entre les ruelles adjacentes. «On comprend qu’on veuille moderniser la ville. Mais qu’on pense aussi à nous. On ne peut pas juste nous chasser sans solutions pour nous. Nous sommes jeunes et beaucoup parmi nous vivent de ce commerce. On refuse de faire ce que réprouvent nos mœurs. On demande juste des espaces de recasement», plaide-t-elle.
Si le nouveau visage du carrefour Mosquée est unanimement salué pour sa propreté et son organisation, les défis de mobilité et la précarité des petits commerçants restent préoccupants.
