Ce matin au marché de Dolé à Niamey, Idrissa Toukal éprouve des difficultés à acheter la quantité d’oignons nécessaire à la préparation des différents menus qu’il propose chaque jour dans son restaurant de fortune. «J’ai l’habitude d’acheter le petit seau d’oignons à 2.000 fcfa, mais depuis quelques jours le prix de ce bulbe indispensable à mon activité est passé à 5.000 fcfa, avec les conséquences que l’on devine sur nous les restaurateurs», déplore le cuistot.
Chez les détaillants, on se plaint de voir la marge bénéficiaire se réduire comme peau de chagrin. Le prix du bulbe de cette liliacée, laquelle comme l’ail, sert à relever la saveur des sauces, s’est envolé. «Avant, nous prenions le sac de d’oignon à 40.000 fcfa, mais actuellement il faut compter jusqu’à 75.000 voire 80.000 fcfa. Avec ça, on est obligé de faire du bénéfice pour pouvoir nous en sortir», affirme Hamid Abdoul au marché de Niamey.
Mais pourquoi donc l’oignon, pourtant cultivé dans les différentes régions du Niger, laisse-t-il un goût amer aux consommateurs? Kaylou Souley a sa propre explication: «il faut comprendre que si l’oignon se faire rare sur les étals, ces derniers jours, c’est en raison des inondations qui ont endommagé les champs de production. Puis, intervient la vieille loi de l’offre et de la demande», explique ce marchand de légumes.
Ce dernier fait allusion aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays durant les mois d’été faisant plus de 300 morts. Différentes régions ont enregistré «jusqu’à 200%» d’excédent de pluies par rapport aux précédentes années, selon les services de la météorologie nationale. Ces flots n’ont pas été sans conséquences sur l’agriculture qui représente plus de 40 % du PIB total, 35 % des exportations et constitue la principale source de revenus pour plus de 80 % de la population. Première culture maraîchère au Niger, la production moyenne annuelle est estimée à 500.000 tonnes, faisant de ce pays enclavé et désertique, l’un des principaux producteurs d’oignon de l’Afrique de l’Ouest.
De l’huile sur le feu
Autre substance indispensable à la cuisine de ce pays de près de 28 millions d’habitants, l’huile a également pris la folie des grandeurs. Mais contrairement à l’oignon, la quasi totalité de l’huile consommée au Niger est importée. En 2020, les importation de l’huile de palme a coûté 59 milliards de FCFA et 60 milliards pour les graisses et huiles animales ou végétales.
Le prix du litre qui était de 1.100 FCA oscille aujourd’hui entre 1.400 et 1.500, «Faites un tour dans le marché et vous constaterez que plusieurs produits ont connu une hausse de prix. L’huile que je viens d’acheter à 1.400 FCFA, je pouvais l’avoir pour seulement 1.000 Fcfa. Les autorités doivent agir pour trouver de solutions», souhaite Abdoulak Kalid, un habitant de Niamey.
«Presque tout est cher, je pense qu’il est temps que commerçants et autorités identifient les facteurs qui sont à l’origine de cette cherté de la vie au Niger enfin de définir des politiques adéquates pouvant soulager les citoyens», ajoute Aboubacar Aliou, citoyen nigérien également.
Mais cette fois-ci, ce ne sont pas le déchainements de la nature qui en sont la cause. Pour l’huile, la raison de l’inflation est à chercher dans la fermeture de la frontière nigéro-béninoise depuis juillet 2023 et qui constitue le principal corridor d’approvisionnement du Niger. Cependant, une note de la direction générale des douanes béninoise de novembre dernier autorise la libre sortie de produits béninois à destination du Niger, en particulier «le riz, les conserves et l’huile.» Une libération trop récente pour avoir actuellement des conséquences.