Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer le niveau d’approvisionnement bas en poissons du marché de Nouakchott, après la reconduite à la frontière de nombreux pécheurs sénégalais en situation irrégulière, dans le cadre d’un vaste coup de filet, ayant touché des milliers de ressortissants d’Afrique subsaharienne.
Ibrahima Sarr, responsable de deux associations artisanales de pêche, au niveau national et sous-régional, présente évoque «la météo qui a rendu le poisson déjà rare, encore plus rare que la norme. Ainsi, le produit devient plus cher. Il y a également l’impact du départ de nombreux pécheurs sénégalais qui étaient nombreux. Quand ils quittent, il n y a que les gens de NDiago (Sud-Ouest du pays) et les Imraguens (Nord) qui restent. A eux seul, ces deux groupes ne peuvent pas assurer l’approvisionnement du marché.»
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Au marché de Nouakchott, Fatou Gueye regrette le départ des pêcheurs du pays voisin, expulsés comme tant d’autres de migrants «parfois le poisson est abondant, et rare en d’autres occasions. Beaucoup de Sénégalais et de Sénégalaises travaillant dans la filière ont été refoulés. Les meilleurs poissons n’existent plus. Nous n’avons que le kibaru dont le kilo est vendu à 60 MRU. Le sac de yaboy coute 1000 MRU.»
Son voisin, Abdallahi Samba n’est pas du même avis qu’elle et minimise l’impact de l’absence des pêcheurs sénégalais «les conséquences de cette expulsion sont mineures par rapport à la consommation locale. La quantité et les prix obéissent toujours aux mêmes règles du marché en vigueur avant les mesures d’expulsion. Cet impact concerne plutôt les usiniers. Pour nous, les enjeux sont ailleurs.»