Face au défis que pose l’enrôlement de nombreux citoyens, les autorités avait décidé de quelques assouplissements dans le processus et fixé une date butoir à cette opération. Toutefois, malgré les assouplissements annoncés, beaucoup de citoyens n’ont pu obtenir leurs documents d’état civil alors que la date butoir a été fixée au 31 décembre 2023.
Au-delà de cette date, toutes les personnes âgées de plus de 6 ans et qui n’ont pas été enrôlées seront obligées de s’adresser aux tribunaux en vue de la délivrance d’un jugement supplétif.
En 2020, jusqu’à 10% de la population mauritanienne n’a pas accès aux documents d’Etat civil, selon la Banque mondiale. Conséquence «ces populations rencontrent des problèmes d’accès à l’éducation suite à l’ouverture en mai 2011, d’un registre de la population, qu’une nouvelle loi a placé sous l’autorité de l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés», soulignait l’institution.
S’il y a eu des améliorations suite à la décision du président Mohammed Ould Ghazouani d’enrôler tous les Mauritaniens en dépassant les obstacles, sur le terrain la réalité est toute autre, laissant de nombreux Mauritaniens sans documents d’état civil.
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Face à cette situation, la Coordination pour l’Enrôlement de tous les Mauritaniens (CEM) s’est mobilisée afin que les autorités prolongent ce délai et éliminent les obstacles qui continuent à entraver l’obtention des documents d’état civil à toutes les composantes de la population mauritanienne.
L’enrôlement est notamment décrié par les communautés négro-mauritaniennes du pays qui se sentent discriminées.
Hamidou Wane, activiste, explique le sens du sit-in. Il rappelle aux autorités mauritaniennes le droit d’accès de tous les citoyens à l’état civil. Ce qui requiert le prolongement de l’opération d’enrôlement, tant que des Mauritaniens ont besoin de ces extraits et actes qui conditionnent l’avenir des enfants. Un discours à travers lequel il interpelle la raison et le cœur des autorités.
Coumba Dada Kane, ex-députée, interpelle les autorités par rapport aux nombre d’enfants, authentiquement mauritaniens dans l’impossibilité d’accéder aux actes d’état civil du fait du non enrôlement des parents. Elle rappelle le caractère absolu du droit d’accès aux documents d’état civile, appelle à la mobilisation des victimes pour jouir de leurs droits, et invite le gouvernement à donner des instructions fermes «pour mettre fin aux nombreux blocages».
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Pour Balla Touré, député à l’Assemblée nationale, déplore les mêmes blocages constatés dans plusieurs localités. Il interpelle le président Mohammed Ould Ghazouani et tout le gouvernement, sur la nécessité de prolonger l’opération d’enrôlement complémentaire au-delà de la date du 31 décembre 2023, conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution et des traités internationaux sur le droit de tous les citoyens à l’état civil.
Enfin, selon le site d’information en ligne senalioune, la campagne d’enrôlement est prolongée de 45 jours supplémentaires sur instruction du président Mohamed Ould Ghazouani. Cette prolongation débutera à partir du 1er janvier 2024.