La situation est d’autant plus alarmante que les villes africaines connaissent un développement rapide: plus de 65% de la population du continent vivra dans les zones urbaines, et cette rapide urbanisation s’accompagne d’une augmentation drastique de la pollution de l’air et des émissions de gaz à effet de serre, souligne l’étude, indiquant que la pollution de l’air est la seconde plus grande cause des décès en Afrique, après le VIH-SIDA.
Le rapport, publié mercredi dernier, passe au crible quatre villes africaines aux croissances parmi les plus rapides du continent: Lagos au Nigeria, le Caire en Egypte, Johannesburg en Afrique du Sud, et Accra au Ghana. Selon l’étude, ces villes pourraient, ensemble, «sauver plus de 125.000 vies, débloquer 20 milliards de dollars pour leurs économies, et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici 2040».
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Selon Clean Air Fund, la pollution de l’air est causée par la combustion des combustibles fossiles, comme le changement climatique. Mais contrairement à cette dernière problématique, elle est «largement ignorée par les décideurs politiques et les bailleurs», alors que les deux devraient être «réglés ensemble». Et si aucune mesure d’urgence n’est prise, «le coût financier de la pollution de l’air dans les villes africaines va augmenter de plus de 600% d’ici 2040», met en garde l’étude.
Clean Air Fund invite ainsi les villes africaines à prendre des mesures telles que l’amélioration des transports publics, des foyers plus écologiques, ainsi que des technologies industrielles et des énergies plus vertes. Si celles-ci sont appliquées, les avantages seront très importants. A Lagos, ces mesures permettraient de gagner jusqu’à 12,5 milliards de dollars et de sauver plus de 64.000 vies entre 2023 et 2040. Au Caire, plus de 52.000 vies pourraient être sauvées et les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de manière significative (jusqu’à 12% pour la seule année 2040).
««La pollution de l’air est la seconde plus grande cause des décès en Afrique, après le VIH-SIDA.»»
— Cleai Air Fund
La capitale ghanéenne pourrait enregistrer des gains de 250 millions de dollars et sauver plus de 3.000 vies sur la période 2023-2040, tandis que Johannesburg pourrait engranger autour de 1 milliard de dollars sur la période, poursuit l’étude, précisant que des gains similaires peuvent être réalisés au niveau des autres grandes villes connaissant un développement exponentiel à travers l’Afrique.
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Clean Air Fund émet par ailleurs des recommandations pour un développement durable. Parmi les plus importantes, les villes devraient faire siennes la Déclaration du C40 pour un air pur ainsi que son cadre de planification, et renforcer les systèmes de suivi et de reporting. Les gouvernements, eux, sont appelés à se pencher sur les secteurs à haute émission comme l’énergie, les transports, ainsi que la production industrielle et électrique afin d’identifier les moyens de réduire la pollution de l’air.
La priorité devrait également être mise sur la santé et les gains climatiques dans les investissements axés sur les infrastructures et les services, de même que sur la lutte anti-pollution de l’air, l’action climatique et les activités de développement durable.
Enfin, la fondation exhorte les bailleurs de fonds à augmenter l’aide publique au développement (APD) et les subventions visant l’amélioration de la qualité de l’air, en mettant plus l’accent sur les régions souvent négligées de l’Afrique. Les aides devraient également être plus tournées vers l’investissement dans les énergies renouvelables plutôt que sur les combustibles fossiles.