Les infrastructures routières à Abidjan connaissent des améliorations notables avec la construction de routes et d’autoroutes, la réhabilitation de voies, la construction d’échangeurs et ponts dans plusieurs communes.
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Mais paradoxalement cette modernisation de ces infrastructures s’est accompagnée par l’augmentation des tarifs des transports publics, générant un mécontentement des usagers.
Une singularité qui exaspère les usagers, pris entre la joie de circuler sur des voies bitumées et modernes et la flambée des prix des transports publics. «Trop c’est trop. Les chauffeurs accusaient le mauvais état des routes pour augmenter le prix du transport. Le trajet Adjamé-Bingerville qui coutait 300 FCFA est passé à 500 FCFA, celui de Yopougon-Cocody de 350 FCFA à 500 FCFA voire 1000 FCFA aux heures de pointes. Et maintenant que le réseau routier connait une certaine amélioration, pourquoi nous, passagers ne le ressentons pas? Logiquement, le coût du transport devrait baisser», se plaint Henri-Michel Bilé, étudiant à l’université Félix Houphouët-Boigny.
Retards chroniques au travail ou à l'école, l'impact social du paradoxe ivoirien.
Comme lui, de nombreux Abidjanais dénoncent une hausse injustifiée des prix des trajets, surtout dans les véhicules communs appelés «gbaka» ou «wôrô-wôrô», «certains doublent le prix en toute impunité», ajoute Diawara Drissa.
Cette augmentation ne saurait s’expliquer par le coût du carburant qui baissé ces derniers mois. À l’intérieur même des communes, les prix changent selon l’heure ou l’humeur du chauffeur.
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Syndicats de transporteurs, chauffeurs et acteurs du secteur, qui sont souvent désignés du doigt, peinent à justifier ces pratiques. Les uns et les autres affirment régulièrement que les tarifs doivent être encadrés, mais sur le terrain, aucun contrôle ne semble être fait.
Les chauffeurs évoquent quant à eux des taxes syndicales, les tracasseries policières, le coût d’entretien des véhicules ou encore les embouteillages sur certaines artères secondaires comme raisons de l’augmentation des prix pratiqués par les transporteurs.
Mamadou Soumahoro, président de la maison des transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI), avoue, «les conducteurs sont souvent assujettis à trop de frais et au racket. Le secteur est également en proie à un désordre administratif. Il n’y a pas de réglementation, pas de suivi…».
Cette situation a un impact sur la vie sociale et économique des Abidjanais. Elle peut entraîner des retards fréquents au travail ou à l’école, une réduction des activités sociales et de loisirs, et une augmentation du stress lié aux déplacements.
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Les populations expriment leur ras-le-bol face à cette situation et appellent à une meilleure régulation du secteur des transports. Des mouvements de protestation et des dénonciations sur les réseaux sociaux sont de plus en plus fréquents, témoignant de l’ampleur du mécontentement.
En résumé, le paradoxe du transport à Abidjan, avec des routes qui s’améliorent mais des tarifs qui grimpent, crée une situation difficile pour les habitants, qui dénoncent un désordre tarifaire et des pratiques abusives.