Sarah Murally nommée à la tête de l’Eglise anglicane: une «triste nouvelle» pour l’Eglise ougandaise

La nouvelle archevêque désignée de Canterbury en Grande-Bretagne, Sarah Mullally, pose pour une photo dans la chapelle Corona de la cathédrale de Canterbury, dans le sud-est de l'Angleterre, le 3 octobre 2025, après l'annonce de sa nomination.. AFP or licensors

Le 05/10/2025 à 08h19

La nomination vendredi de l’évêque de Londres Sarah Mullally à la charge d’archevêque de Canterbury, qui fait d’elle la cheffe spirituelle des anglicans, est une «triste nouvelle», a affirmé l’Eglise anglicane d’Ouganda, alors que ce culte se divise sur les questions LGBT+.

Nombre d’anglicans africains se déchirent depuis plus de vingt ans avec leurs homologues britanniques sur ces questions sociétales. Les tensions ont culminé avec le vote en Ouganda en 2023 d’une des lois anti-homosexualité les plus répressives au monde, soutenue par le clergé local mais critiquée au Royaume-Uni.

Sarah Mullally, 63 ans, s’est décrite comme «féministe», selon la presse. Elle a approuvé la décision de l’Eglise d’Angleterre d’autoriser les prêtres à bénir les unions de personnes de même sexe en 2023.

Dans une lettre lue par l’AFP, l’archevêque de l’Eglise anglicane ougandaise Stephen Samuel Kaziimba Mugalu a fait état de sa «tristesse» après la nomination de Sarah Mullally du fait de «son soutien et plaidoyer en faveur de positions non bibliques sur la sexualité et le mariage homosexuel, ce qui révèle son éloignement des positions anglicanes historiques».

«La déchirure dans le tissu de la communauté anglicane a maintenant atteint le plus haut niveau», a-t-il déploré.

«Il semble n’y avoir aucun repentir. (...) Cette décision est une mesure grave prise au plus haut niveau de l’Église d’Angleterre pour se séparer de la grande majorité de la communauté anglicane mondiale», a encore jugé l’archevêque ougandais.

Depuis 2023, l’Eglise anglicane ougandaise et d’autres communautés anglicanes conservatrices, notamment africaines, réunies au sein de la Gafcon (Global Anglican Future Conference - la Conférence pour le futur anglican global, NDLR) «ne reconnaissent plus l’archevêque de Canterbury comme ayant une autorité mondiale», a-t-il rappelé. «Avec cette nomination, l’archevêque de Canterbury est réduit simplement au rôle de Primat de toute l’Angleterre».

L’Ouganda a voté en 2023 une «loi anti-homosexualité», l’un des textes les plus répressifs au monde contre la communauté LGBT+, qui prévoit la peine capitale pour le délit d’«homosexualité aggravée». Cette condamnation n’est toutefois plus appliquée depuis des années dans ce pays.

L’ex-archevêque de Canterbury Justin Welby et prédécesseur de Sarah Mullally avait, alors que la polémique enflait, critiqué l’archevêque de l’Ouganda qui soutenait le texte, ce qui lui avait valu en retour une violente diatribe de Laurent Mbanda, l’actuel archevêque de l’Eglise anglicane du Rwanda et dirigeant de la Gafcon.

«Il semble que l’histoire de la colonisation et du comportement condescendant de certaines provinces de l’hémisphère Nord envers le Sud, et l’Afrique en particulier, n’est pas encore terminée», avait-il jugé, dans un communiqué publié par la Gafcon.

Vendredi, la Gafcon a également critiqué la nomination de Sarah Mullally, qui selon elle «abandonne les anglicans du monde entier, car l’Église d’Angleterre a choisi un dirigeant qui divisera davantage une communauté déjà fracturée».

«Bien que certaines personnes accueilleront favorablement la décision de nommer l’évêque Mullally comme première femme archevêque de Canterbury, la majorité de la Communion anglicane croit encore que la Bible exige un épiscopat exclusivement masculin», a-t-elle encore commenté.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/10/2025 à 08h19