Le district de Guédiawaye est le plus touché par cette maladie infectieuse, généralement pulmonaire, avec 498 cas à mi-parcours de l’année, selon les informations données à l’occasion de la caravane de l’association des journalistes en santé, population et développement effectuée le 11 juin.
«Rien que pour le deuxième trimestre, nous avons enregistré 320 cas», a indiqué Abdoulaye Diouf, superviseur communautaire du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT) à Guédiawaye.
À cela s’ajoutent 178 cas notifiés au premier trimestre, selon le Dr Diop, médecin-chef du district, qui rappelle que «la situation reste préoccupante, même si l’on observe une baisse par rapport à 2024, où plus de 900 cas avaient été enregistrés, dont 670 formes contagieuses».
Pour le Dr Diop, cette persistance de la tuberculose s’explique par un faisceau de facteurs: «une densité démographique très élevée, environ 32.000 habitants au km², la précarité, la promiscuité, mais aussi l’ignorance, la stigmatisation sociale et l’accès difficile à l’information et aux soins».
À Pikine, la tendance suit la même courbe inquiétante. «Nous avons diagnostiqué et mis sous traitement 200 patients au deuxième trimestre 2025», affirme Ndèye Marie Diagne, infirmière au centre de santé Dominique et point focal tuberculose du district.
Les chiffres du premier trimestre n’ont pas encore été consolidés, mais la dynamique reste globalement similaire à celle de Guédiawaye.
Au total, la banlieue dakaroise cumule déjà 698 cas confirmés depuis janvier. Un chiffre provisoire qui pourrait encore grimper une fois les données définitives de Pikine collectées.
Parmi les malades actuellement pris en charge, Pape Seydi et Macky Diallo témoignent de leur quotidien bouleversé par la maladie. «La douleur est constante, la fatigue aussi», confie Macky. Pape ajoute: «Je suis mieux depuis que j’ai commencé le traitement, mais la tuberculose m’a affaibli physiquement et moralement».
Un taux de succès thérapeutique de 89,4%
Au niveau national, bien qu’une régression a été notée en 2024 comparativement à l’année précédente, 17.286 cas avaient été recensés dont 16 595 étaient de nouveaux cas ou de rechutes «le taux de succès thérapeutique, qui a atteint 89,4%, est proche de l’objectif de 90% fixé pour 2030» selon le ministère de la Santé. Ces cas sont notifiés pour l’essentiel dans les 34 districts à forte charge de tuberculose dans les régions de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor, Saint-Louis, d’après la même source.
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Et si les cas traités suscitent l’espoir, le véritable danger est invisible: «un tiers des cas estimés échappe encore au système de santé, alimentant la transmission communautaire», d’après le ministère de tutelle.
En 2023 et à l’échelle mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recensé plus de 10 millions de malades et près d’un million de décès. La tuberculose «reste la principale cause de mortalité due à un seul agent infectieux en Afrique avec 2,5 millions de nouveaux cas et 404.000 décès».
Cependant, la crise du Covid a perturbé les systèmes de santé nationaux provoquant une recrudescence des décès depuis 2019 qui ont atteint 1,6 million 2021 soit une progression de 14% en deux ans.




