Sénégal: le combat inégal de la lutte traditionnelle contre le business

Un combat de lutte traditionnelle au Sénégal

Un combat de lutte traditionnelle au Sénégal. AFP or licensors

Le 01/05/2025 à 10h02

VidéoDans la banlieue de Dakar, Tivaouane Peul, un gala de lutte traditionnelle a rassemblé les foules venues vibrer au rythme des tam-tams et des chants de supporters. Ici, les champions locaux s’affrontent pour célébrer un pan du patrimoine culturel. Ailleurs, les cachets semblent avoir pris le dessus sur le cérémonial.

«Avant, la lutte n’était que tradition. Nos grands-parents, après les récoltes, organisaient des tournois pour fêter la bonne saison. Chacun emmenait son champion. C’est ça, l’histoire», raconte avec nostalgie Demba Ka, un passionné de lutte traditionnelle.

Pour lui, ces joutes étaient d’abord une affaire de transmission, de fierté communautaire et de lien social.

Parmi les vedettes de ce jour, le lutteur Ségue Ndakaru fait sensation. Fier représentant de son quartier, il insiste sur la valeur initiatique de la lutte. «La lutte traditionnelle, c’est la base. C’est par là qu’on devient champion. Ici, on organise des tournois entre quartiers, avec des mises assez importantes. Et surtout, on respecte toute la tradition: les bains mystiques, les chants, les rites… C’est notre sport, notre fierté.»

Mais derrière cette ferveur, une réalité s’impose: la professionnalisation de la lutte traditionnelle a transformé a pris le dessus sur le caractère cérémonial qui a prévalu des siècles durant.

«Aujourd’hui, tout est business. Les lutteurs ne gèrent plus rien eux-mêmes, ce sont les staffs qui décident. Il y a des sponsors, des promoteurs, des vendeurs. Toute un écosystème s’est développé autour de la lutte», regrette Demba Ka.

Si la lutte traditionnelle a changé, oscillant entre sport, business et culture, elle reste, à Tivaouane Peul, comme ailleurs, un creuset d’identité, un théâtre de passion populaire.

Et à Tivaouane Peul on promet que tant qu’il y aura un tambour, un cercle de sable et deux champions prêts à se mesurer, la tradition vivra.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 01/05/2025 à 10h02