«Avant, la lutte n’était que tradition. Nos grands-parents, après les récoltes, organisaient des tournois pour fêter la bonne saison. Chacun emmenait son champion. C’est ça, l’histoire», raconte avec nostalgie Demba Ka, un passionné de lutte traditionnelle.
Pour lui, ces joutes étaient d’abord une affaire de transmission, de fierté communautaire et de lien social.
Parmi les vedettes de ce jour, le lutteur Ségue Ndakaru fait sensation. Fier représentant de son quartier, il insiste sur la valeur initiatique de la lutte. «La lutte traditionnelle, c’est la base. C’est par là qu’on devient champion. Ici, on organise des tournois entre quartiers, avec des mises assez importantes. Et surtout, on respecte toute la tradition: les bains mystiques, les chants, les rites… C’est notre sport, notre fierté.»
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Mais derrière cette ferveur, une réalité s’impose: la professionnalisation de la lutte traditionnelle a transformé a pris le dessus sur le caractère cérémonial qui a prévalu des siècles durant.
«Aujourd’hui, tout est business. Les lutteurs ne gèrent plus rien eux-mêmes, ce sont les staffs qui décident. Il y a des sponsors, des promoteurs, des vendeurs. Toute un écosystème s’est développé autour de la lutte», regrette Demba Ka.
Si la lutte traditionnelle a changé, oscillant entre sport, business et culture, elle reste, à Tivaouane Peul, comme ailleurs, un creuset d’identité, un théâtre de passion populaire.
Et à Tivaouane Peul on promet que tant qu’il y aura un tambour, un cercle de sable et deux champions prêts à se mesurer, la tradition vivra.