À 30 kilomètres de Dakar, la cité CDC de Bambilor, projet immobilier initialement prometteur, était censée offrir un cadre de vie moderne et abordable pour les ménages. Présentée comme une vitrine du logement social, la réalité s’avère tout autre. Ce qui devait être un modèle de développement est devenu un casse-tête pour ses acquéreurs.
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Pape Atou Diaw, l’un d’eux, avait été rassuré par la garantie de l’État. Aujourd’hui, il déchante:
«J’ai acheté des villas ici à la CDC Bambilor parce que c’était avant tout un projet de logement social de l’État du Sénégal. Je pensais qu’il s’agissait d’un programme sûr, avec des garanties claires, où je ne risquais pas d’être victime d’arnaques ou de litiges. J’ai acquis ma villa en 2022, on m’avait promis une livraison en 2023. Mais en 2025, ma villa n’a toujours pas été livrée, elle n’a même pas été construite.»
Il n’est pas le seul à vivre cette déplaisante situation. Birame Dramé fait partie des nombreux acquéreurs qui dénoncent des années de promesses non tenues:
«On nous a fait cotiser, en nous faisant croire que les maisons seraient livrées à temps. Personnellement, je devais recevoir ma villa en 2023. Mais quand je suis venu visiter les sites, ils n’étaient même pas capables de me montrer mon terrain. Je n’ai pas de terrain, pas de maison, pas même de fondation.»
La désillusion touche aussi les acheteurs de la diaspora. Aminata, jointe par téléphone, raconte être bloquée depuis dix ans en Europe, faute de construction de sa villa. Elle avait quitté ses emplois pour revenir au Sénégal, un retour compromis par l’inachèvement du projet.
Face à cette situation, un collectif d’acquéreurs s’organise pour interpeller les autorités. Pape Abdoulaye Sarr exprime sa frustration:
«Ça commence à durer, et il est temps que la CDC prenne ce combat à cœur. Nous sommes tous des pères de famille, des Sénégalais qui ont investi leur argent pour offrir un toit à leurs proches. Il faut s’asseoir et trouver une solution, un plan d’action clair.»
Pourtant alertées à plusieurs reprises, les autorités restent sourdes aux appels. Le directeur général de la CDC avait promis des solutions lors d’une émission télévisée, mais, selon les membres du collectif, rien n’a changé.
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Faute d’avancées concrètes, leur rêve d’un toit menace de se transformer en combat de longue haleine contre l’inertie administrative et l’opacité d’un projet censé incarner l’avenir du logement social.