Sénégal-Maroc: comment la Ziarra a dépassé les cercles confrériques

La Zaouia Tijane de Fès.

Le 24/08/2025 à 15h43

La tradition annuelle de la « Ziarra » vers le mausolée de Cheikh Ahmad al-Tijânî à Fès connaît un engouement croissant au Sénégal, séduisant un nombre toujours plus important de fidèles au-delà des cercles confrériques traditionnels.

La Ziarra de Fès est bien plus qu’un pèlerinage. C’est un prisme révélateur des relations historiques, religieuses et économiques entre le Maroc et le Sénégal. Sa démocratisation et son institutionalisation montrent comment le spirituel est mobilisé pour servir des objectifs diplomatiques et économiques contemporains, dans un cadre transnational hérité de siècles d’échanges.

C’est dans ce contexte que la tradition annuelle de la « Ziarra » vers le mausolée de Cheikh Ahmad al-Tijânî à Fès connaît un engouement croissant au Sénégal, séduisant un nombre toujours plus important de fidèles au-delà des cercles confrériques traditionnels, rapporte dimanche le quotidien sénégalais Le Soleil.

Longtemps considérée comme l’apanage d’une élite religieuse, cette pratique pieuse s’est largement démocratisée à partir des années 1980, avant de connaître une expansion significative à partir de 2012, portée notamment par l’augmentation des liaisons aériennes Dakar-Maroc et le dynamisme du tourisme spirituel, précise le journal.

De même, les agences de voyages sénégalaises proposent désormais des séjours organisés d’une semaine, spécialement conçus pour coïncider avec les célébrations du Maouloud, du Gamou ou d’autres grandes occasions spirituelles, explique la publication.

Le Soleil rappelle que la tradition de la Ziarra, dont les racines remontent à 1922, s’est institutionnalisée après la Seconde Guerre mondiale, notant, à cet égard, que Feu Sa Majesté Mohammed V avait offert aux pèlerins sénégalais la résidence Dar Kettani, un geste hautement symbolique qui illustre la profondeur et l’ancienneté des liens spirituels unissant le Sénégal et le Maroc.

« Au-delà de la dévotion, la Ziarra traduit la vitalité d’une diplomatie spirituelle séculaire, héritée des Almoravides et consolidée par des figures comme El Hadj Malick Sy ou Cheikh Ibrahim Niass », fait observer Le Soleil, citant M. Mouhamed El Moctar Dièye, de l’Institut islamique de Dakar.

La formation d’érudits sénégalais à l’Université Al Quaraouiyine, la participation aux Dourous Hassaniya et la création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africains confirment cette coopération exemplaire, dont la Ziarra de Fès demeure l’un des symboles les plus éloquents, conclut la publication.

Par Le360 (avec MAP)
Le 24/08/2025 à 15h43