Sénégal: plongée au cœur du goumbé, la richesse d’une tradition lébou

Des danseuses lébous lors du goumbé.

Le 28/04/2025 à 10h38

VidéoParmi les peuples du Sénégal, les Lébous se distinguent par une culture où chaque geste, chaque son, chaque éclat de couleur raconte une histoire. Au cœur de cette richesse, le Goumbé s’impose, danse sacrée et vivante, symbole d’identité et de transmission.

Lorsque les tambours commencent à gronder et que des voix s’élèvent, toute l’assistance retient son souffle. Le Goumbé n’est pas qu’une simple danse: c’est l’âme lébou qui s’exprime. Drapés de tissus éclatants, parés de colliers multicolores, les danseurs entrent dans la ronde. À travers leurs mouvements rythmés, ils content des récits de bravoure, de solidarité et de fidélité aux ancêtres.

Dans le tumulte des percussions et des chants, la voix d’Adja Khoudia Ngom, chanteuse traditionnelle, résonne, forte et douce à la fois. Elle dévoile ce qui se cache derrière chaque mot chanté. «Chaque chant dans le Goumbé est un rappel. Nous évoquons la mémoire de nos ancêtres, nous implorons la protection des esprits, nous louons la bravoure et la loyauté. Les mots ont une force spirituelle, ils protègent, encouragent, rassemblent. À travers ces chants et ces danses, nous honorons nos bienfaiteurs. Entre nobles et griots, c’est une longue histoire. Même notre manière de nous vêtir fait partie de la tradition. C’est cet ensemble que nous appelons Goumbé. Au centre du cercle, les femmes rayonnent, enveloppées dans leurs costumes somptueux, les bras ornés de colliers aux vertus mystérieuses. Leurs gestes sont empreints d’une grâce ancestrale».

Seynabou Ndao, danseuse de Goumbé, décrit cette mise en scène avec fierté: «Le Goumbé est une danse de fierté et de résistance. Nos habits, nos colliers, nos parures racontent notre histoire. Chaque accessoire a un sens: le collier protège, le tissu porte l’empreinte du clan. Le ”Ndeupp”, ce rituel de guérison, accompagne souvent nos danses. C’est notre manière de dire que corps, esprit et communauté ne font qu’un. Chez nous, tout est tradition».

Et puis, il y a ce battement, grave, profond, irrésistible. Le tam-tam, messager du peuple lébou, conduit l’âme du Goumbé.

Rahma Ndiaye, batteur expérimenté, en perce le secret «nous savons tous que deux choses réveillent la fierté et le sentiment d’appartenance du Lébou: le Goumbé et le Ndeupp, cette séance d’exorcisme. Le tam-tam du Goumbé ne fait pas qu’accompagner la danse, il parle. Chaque battement transmet un message, un appel à la vigilance, une invitation à la fête ou alerte spirituelle. Le ”Ndawrabine”, cette danse rituelle portée par nos tambours, réveille notre communauté. Il nous rappelle que nous sommes vivants, unis.»

À chaque tour de danse, à chaque frappe de tambour, c’est une promesse qui se renouvelle. Le Goumbé n’est pas qu’une performance, c’est une plongée dans l’âme lébou, une tradition vibrante, porteuse d’identité, de force et d’espoir.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/04/2025 à 10h38