Soudan: les belligérants et les médiateurs saluent l’implication de Trump

Populations déplacées par le conflit au Soudan

Le 22/11/2025 à 09h06

Alors que le Soudan s’enfonce dans une crise humanitaire sans précédent, un frémissement diplomatique offre un fragile espoir. L’appel de la communauté internationale à cesser les combats trouvera-t-il un écho face à la réalité d’un conflit qui continue de s’étendre ?

Les paramilitaires soudanais et leurs soutiens présumés des Emirats arabes unis ont salué vendredi la volonté de Donald Trump d’arrêter à la guerre fratricide qui ravage le Soudan, devenu le théâtre de la « pire crise humanitaire » au monde selon l’ONU.

Le président américain avait dit mercredi vouloir mettre fin aux « atrocités » au Soudan après que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane lui a demandé de s’impliquer pour arrêter cette guerre qui a fait des milliers de morts et forcé le déplacement de millions de personnes depuis avril 2023.

Dans la foulée, le Conseil de souveraineté du Soudan, dirigé par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, a lui aussi indiqué être prêt à coopérer avec Washington et Ryad pour tenter de mettre un terme au conflit.

Et vendredi, les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée, ont dit apporter leur « réponse complète et sérieuse à ces initiatives » tout en tançant la direction de l’armée soudanaise.

«Nous affirmons (...) que le véritable obstacle à la réalisation de la paix est la clique qui contrôle les décisions des forces armées, composée des restes de l’ancien régime et des dirigeants de l’organisation terroriste des Frères musulmans», ont déclaré les FSR dans un communiqué diffusé sur Telegram.

Le chef des paramilitaires, le général Mohamed Daglo, présente régulièrement le conflit comme une lutte contre les « islamistes radicaux » du camp adverse, alors qu’il avait lui-même collaboré en 2021 avec le général al-Burhane pour évincer les civils du pouvoir.

- Médiation ? -

Les Emirats arabes unis, pays régulièrement accusé de soutenir les paramilitaires en lutte contre l’armée soudanaise, ont aussi salué vendredi la volonté du président américain Donald Trump de mettre un terme à la guerre au Soudan.

Lors d’un échange téléphonique avec le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, le ministre émirati des Affaires étrangères Abdallah ben Zayed Al Nahyane a « salué les déclarations du président américain Donald Trump appelant à la fin des attaques horribles perpétrées contre les civils » et s’est félicité de son rôle « de chef de file pour instaurer la stabilité au Soudan », ont indiqué les Emirats, pays membre de la médiation.

En septembre, le groupe médiateur dit du « Quad », qui réunit aussi les Etats-Unis, l’Egypte, l’Arabie saoudite, a proposé un plan prévoyant une trêve de trois mois ainsi que l’exclusion du gouvernement actuel et des FSR du paysage politique post-conflit, une clause jusqu’à présent rejetée par l’armée sur fond de stagnation des pourparlers.

Début novembre, les paramilitaires ont annoncé accepter une trêve humanitaire après avoir pris El-Facher, dernier bastion de l’armée dans la région du Darfour (ouest) où l’ONU a fait depuis état de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de population.

Désormais maîtres du Darfour, région vaste comme la France métropolitaine et qui fait le tiers de la superficie du Soudan, les paramilitaires ont intensifié ces dernières semaines leurs attaques dans le Kordofan voisin, région pétrolifère.

Depuis plusieurs jours, ils annoncent la « libération imminente » de la ville de Babanousa, qu’ils assiègent depuis janvier 2024, l’une des dernières du Kordofan-Ouest tenues par l’armée et noeud ferroviaire stratégique reliant l’ouest du pays à Khartoum.

Un avion-cargo transportant 40 tonnes de matériel médical - la livraison la plus importante depuis mars, selon Save the Children - a atterri cette semaine à Port-Soudan, la capitale de facto du pays sous contrôle de l’armée, a indiqué vendredi l’ONG dans un communiqué.

Par Le360 (avec AFP)
Le 22/11/2025 à 09h06