En plus des pénuries de médicaments qui persistent, la Chambre syndicale nationale des pharmaciens grossistes-répartiteurs (CSPGR) a décidé de suspendre la distribution de médicaments sur tout le territoire tunisien, à partir de ce lundi 5 décembre 2022. Suite à cette décision, les pharmaciens vont se retrouver en rupture de stocks, et ce, d’autant plus que pour de nombreux produits, les livraisons se font au compte-goutte à raison de plusieurs ravitaillements quotidiens, sans compter que certains médicaments ne sont livrés aux pharmaciens que sur commande.
De nombreux malades risquent ainsi de se retrouver sans médicaments pour se soigner. Selon la CSPGR, sa décision est motivée par le non-renouvellement par le ministère des Finances de l’attestation d’exonération de la retenue à la source sur les ventes des médicaments au titre de l’année 2022. En clair, les grossistes-répartiteurs seront obligés de payer des taxes qui ne sont pas récupérables. Ce qui va constituer un énorme manque à gagner pour la profession.
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Cette suspension a fait réagir le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens de Tunisie (CNOPT), qui s’inquiète de l’impact de cette mesure sur l’accès des malades aux médicaments. «L’arrêt de l’activité des pharmaciens grossistes impactera directement le stock des médicaments dans les pharmacies et leur capacité à satisfaire les besoins des malades», a mis en garde l’association, appelant par la même occasion les autorités à agir pour trouver une solution à même de garantir la continuité de la distribution des médicaments.
La situation est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient dans un contexte marqué par des pénuries de quelque 700 médicaments. Selon les professionnels, cette pénurie est due à l’incapacité de la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT), en quasi-faillite, d’importer des médicaments faute de ressources financières. Seulement, si la PCT est dans une telle situation, c’est en partie à cause des impayés auprès de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), elle-même en quasi-faillite du fait des impayés auprès des caisses sociales.
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La PCT ne peut non plus faire face aux remboursements de ses fournisseurs locaux. En effet, le gouvernement tunisien doit, à travers elle, aux laboratoires un montrant estimé à 750 millions de dinars, soit plus de 234 millions de dollars. Une situation qui explique la décision de trois géants du secteur pharmaceutique, à savoir Bayer, GSK et Novartis, qui sont spécialisés dans les médicaments des maladies chroniques et de différents types de cancer, de quitter la Tunisie.