Le Golfe de Guinée, qui s’étend en Afrique des rives du Liberia à celles de l’Angola, est l’un des principaux points noirs de la piraterie maritime dans le monde, les attaques de navires marchands et kidnappings de membres de leurs équipages contre rançon, relativement fréquents, étant principalement le fait de bandes criminelles venues du Nigeria.
Dans la nuit de lundi à mardi, le Grebe Bulker, un vraquier de 190 m de long appartenant à la compagnie de transport maritime américaine Eagle Bulk Shipping Inc. mais battant pavillon des Iles Marshall, a été attaqué par des pirates alors qu’il était au mouillage à moins de 8 km au large du port commercial gabonais d’Owendo, dans la banlieue de la capitale, Libreville, a indiqué à l’AFP une source judiciaire au Gabon sous couvert d’anonymat.
Le capitaine, un Russe, et ses second et troisième officier, deux Géorgiens, «ont été enlevés par des inconnus», a-t-elle précisé. «Trois membres de l’équipage sont portés disparus, la police gabonaise mène l’enquête», a confirmé à l’AFP à Kuala Lumpur un responsable des autorités maritimes internationales sous couvert de l’anonymat en raison du «caractère sensible» de ces informations.
Lire aussi : Piraterie maritime: encore deux navires détournés avec leur équipage dans le Golfe de Guinée
«Trois membres de l’équipage» d’un navire «au mouillage au large de Libreville ont été kidnappés dans la nuit du 1er au 2 mai», lit-on aussi dans un communiqué du Consulat Général de France dans la capitale gabonaise, qui parle d’«acte de piraterie» en «rappelant ses recommandations d’éviter toute navigation de plaisance dans la zone du Golfe de Guinée».
Rançons
L’attaque est l’une des plus proches des côtes et d’une grande ville gabonaise jamais commises par des pirates, selon des sources concordantes. L’équipage du vraquier, alors vide, patientait au mouillage pour embarquer sa cargaison. La plupart de ces navires conçus pour transporter des marchandises en vrac, souvent des céréales, du sable ou du minerai, attendent au large d’Owendo d’où ils chargent du manganèse, dont le Gabon est l’un des principaux producteurs mondiaux.
Selon des sources concordantes ayant requis l’anonymat, le navire a été secouru par un patrouilleur de l’armée gabonaise qui a retrouvé sains et saufs 17 membres de l’équipage. Mais le capitaine et ses deux officiers avaient disparu.
Lire aussi : Piraterie maritime: un marin d'un navire turc tué et quinze autres enlevés au large du Nigeria
Le Golfe de Guinée, notamment au large des côtes du Nigeria, du Cameroun, du Gabon et de la Guinée équatoriale, est souvent le théâtre d’attaques de pirates qui emmènent leurs otages au Nigeria et les libèrent, parfois au bout d’un certain temps, contre rançon.
En janvier, le Bureau maritime international (BMI) basé à Kuala Lumpur, en Malaisie, avait annoncé que les actes de piraterie dans le monde avaient été en 2022 à leur niveau le plus bas depuis 1992. Dans les eaux du Golfe de Guinée, jusqu’alors considéré comme l’épicentre de la piraterie maritime mondiale durant la dernière décennie, avaient elles aussi connu une baisse de ces attaques en 2022.
Mais depuis le début de l’année, le nombre de ces actes semble repartir à la hausse avec au moins deux répertoriés en un peu plus d’un mois, et plusieurs autres déjoués, selon les mêmes sources concordantes.
Le 25 mars, un pétrolier danois sous pavillon libérien, le Monjasa Reformer, avait subi l’assaut de pirates au large du port congolais de Pointe-Noire. Les assaillants s’en étaient emparés et l’avaient abandonné quelques jours plus tard après avoir emmené avec eux six membres de l’équipage, dont on est depuis sans nouvelles.