L’OMS a annoncé le début des livraisons du nouveau vaccin antipaludique « RTS.S» qui a reçu sa bénédiction. Les livraisons vaccins aux pays les plus touchés par le paludisme au niveau du continent ont déjà démarré.
«L’arrivée des vaccins antipaludiques marque une étape historique dans notre lutte contre le paludisme, maladie qui constitue toujours une menace majeure pour la santé publique dans notre pays. Nous sommes reconnaissants envers nos partenaires, avec lesquels nous nous sommes engagés à œuvrer pour réussir à vacciner tous les enfants et à les protéger contre cette maladie mortelle», a souligné le Dr Malachie Manaouda, ministre de la Santé publique du Cameroun.
Même son de cloche chez le directeur général de l’OMS. «En tant que chercheur, je rêvais du jour où nous disposerions d’un vaccin sûr et efficace contre le paludisme. Aujourd’hui, nous en avons deux», a soutenu en octobre dernier Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, avant d’ajouter, «la demande de vaccins RTS,S dépasse de loin l’offre, de sorte que ce deuxième vaccin est un outil supplémentaire essentiel pour protéger plus d’enfants plus rapidement et pour tendre vers notre vision d’un avenir sans paludisme».
Ce nouveau vaccin est approuvé pour une vaccination chez les enfants âgés de 5 à 36 mois, groupe jugé comme étant le plus vulnérable au paludisme.
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Pour rappel, ce vaccin était en phase pilote depuis 2019 dans plusieurs pays africains. Durant cette période pilote qui a concerné trois pays -Ghana, Kenya et Malawi- et qui a permis la vaccination de 2 millions d’enfants, l’OMS avance que les résultats sont satisfaisants pour enclencher une vaccination à grande échelle au niveau du continent. Selon l’OMS, le programme pilote au niveau de ces trois pays a permis «une baisse remarquable de 13% de la mortalité toutes causes confondues chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu’une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations».
Désormais, l’organisation passe à l’étape de vaccination à grande échelle. Une opération soutenue et accompagnée par l’Alliance GAVI. Ce qui suscite l’espoir au niveau du continent où le paludisme demeure l’une des maladies les plus meurtrières.
Le paludisme, transmis par les moustiques, est une maladie très ancienne, qui provoque fièvre, maux de tête et frissons jusqu’à devenir une affection grave, voire mortelle, en l’absence de traitement, notamment chez les enfants. En 2021, 247 millions de cas ont été recensés dans le monde, 619.000 patients en sont morts. La maladie touche surtout le continent africain qui comptait en 2021 environ 95% des cas dans le monde et 96% des décès, selon les données de l’OMS.
En tenant compte des nombreux cas de décès non enregistrés, notamment au niveau des villages et des zones éloignées de centres de santé, on peut dire que le paludisme fait beaucoup plus de victimes au niveau du continent. Le paludisme constitue, dans de nombreux pays, la premier cause de morbidité et de mortalité.
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Et dans de nombreux pays africains, le paludisme est endémique, avec un risque d’infection sur toute la population. C’est le cas notamment du Burkina Faso où la maladie représente 43% des consultations médicales, plus de 60% des hospitalisations et 30% des décès. Selon les données de l’OMS, en 2021, le pays a enregistré 8,3 millions de cas de paludisme et environ 19.000 décès imputable à la maladie.
331.200 doses pour le Cameroun
Ainsi, le Cameroun a reçu sa première livraison de 331.200 doses du vaccin. Avec environ 3% des personnes touchées et des décès dus au paludisme dans le monde, le Cameroun est l’un des pays les plus touchés. D’autres pays seront livrés très prochainement. Il s’agit notamment du Burkina Faso, du Liberia, du Niger et de la Sierra Leone. A noter que ce vaccin R21 est le second vaccin antipaludique recommandé par l’OMS, après le vaccin RTS, S/ASO1, que l’organisation avait recommandé en 2021.
Selon les résultats des essais cliniques, le vaccin offre une efficacité élevée lorsqu’il est administré juste avant la haute saison dans les régions où la transmission du paludisme saisonnier est forte. Selon l’OMS, «il a été démontré que le vaccin R21 permettrait de réduire de 75% le nombre de cas symptomatiques au cours des 12 mois suivant l’administration d’une série de trois doses. Une quatrième dose administrée un an après le troisième permet de maintenir l’efficacité du vaccin». Le R21 fait encore l’objet d’un autre examen par l’OMS en vue de sa «pré-qualification» afin l’Unicef et Gavi puissent l’intégrer dans leurs programmes.
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Selon l’OMS, «ces deux vaccins étaient sûrs et permettaient de prévenir efficacement le paludisme chez l’enfant et que, administrés à grande échelle, ils devraient avoir un impact important en termes de santé publique». Et avec un taux d’efficacité similaires autour de 75%, quand ils sont administrés dans les mêmes conditions, ces vaccins constituent un espoir pour la lutte contre le paludisme en Afrique. Selon Catherine Russel, directrice général de l’Unicef, l’administration des premières doses des vaccins antipaludiques dans les programmes de vaccination à partir de 2024 «pourrait être un tournant déficit dans notre combat contre le paludisme».
Et en ce qui concerne l’accessibilité du vaccin, les prix de la dose vont de 2 à 4 dollars. Ce qui offre une accessibilité prix intéressante et contribuer à la vaccination du plus grand nombre d’enfants du continent.
Et en ce qui concerne l’offre de vaccin, 100 millions de doses devraient sortir des lignes de production du groupe indien Serum Institute of India, le plus grand fabricant de vaccins au monde, qui avait joué un rôle essentiel dans l’approvisionnement des pays africains en vaccins lors de la crise sanitaire du Covid-19.
Et en dépit du coût bas du vaccin, l’accessibilité sera facilitée par Gavi, l’Alliance du Vaccin, qui a approuvé la fourniture d’un soutien technique et financier pour le déploiement de vaccins antipaludiques dans de nombreux pays africains.
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Ainsi, 18 millions de doses antipaludiques seront allouées à 12 pays africains sur la période 2023-2025. C’est dans ce cadre que s’inscrit les premières livraisons de vaccins aux pays africains, notamment ceux les plus touchés par le paludisme.
Seulement, selon les experts, une campagne de vaccination à grande échelle, comme le souhaite l’OMS, est une équation à trois inconnues au moins: la disponibilité effective des doses, les capacités logistiques d’approvisionnement et de gestion et la capacité à faire face aux réticences à la vaccination.
Le Covid-19 en est un exemple patent. Si les deux premiers facteurs ne posent pas de problèmes pour cette campagne de vaccination à grande échelle contre le paludisme, reste à savoir ce qu’il en sera de l’acceptabilité des nouveaux vaccins par les Etats et surtout les populations.
Reste maintenant à vaincre le principal obstacle à la vulgarisation et à la diffusion de ces deux vaccins antipaludiques: la réticence des populations africaines. En effet, depuis quelques années, les populations du continent se méfient des nouveaux vaccins.
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Ces réticences font que même les Etats ne sont pas tous engagés, malgré les recommandations de l’OMS. Ainsi, à fin juillet dernier, seulement trois pays avaient homologué le R21/Matrix-M: Ghana, Nigeria et Burkina Faso, alors que le vaccin, d’après les données de l’OMS, a prouvé son efficacité.
Une chose est sure, les effets bénéfiques que pourraient avoir les nouveaux vaccins dans les pays qui les ont adoptés seront des motifs d’acceptation. Mais en attendant, c’est aux Etat d’élaborer des stratégies de communication pour accompagner l’introduction de ces nouveaux vaccins avec des messages appropriés et des canaux d’information adéquats et qui tiennent compte du contexte local.