Au Nigeria, les violences des supporters entachent le championnat de football

Le 12/05/2025 à 07h58

Peu après le coup de sifflet final marquant la défaite de son équipe, Vincent Temitope, attaquant du club de football nigérian Plateau United, s’est retrouvé en sang, victime d’une violente attaque.

Son tort? Avoir marqué un but, une raison suffisante aux yeux des supporters adverses, auteurs de l’agression, selon son club.

«Quelques supporters ont planifié une attaque contre lui, lui infligeant une coupure au cou qui a provoqué une hémorragie», a déclaré le directeur du club, Yaksat Maklek, dans un communiqué.

De tels actes de violence sont fréquents dans ce championnat national, où la compétition est rude dans un contexte d’accusations régulières de corruption visant les arbitres.

Une semaine avant l’agression de Temitope, les joueurs du club d’Ikorodu City, de Lagos, ont été séquestrés pendant une heure trente dans les vestiaires d’un stade d’Ibadan, dans le sud-ouest du Nigeria, après avoir obtenu un match nul contre l’équipe locale, les Shooting Stars. Ils ont été finalement relâchés grâce à l’intervention d’une escorte militaire.

À peine un mois auparavant, l’entraîneur des gardiens des Shooting Stars, John Dosu, avait été frappé par un officiel de l’équipe adverse.

«La soif de victoire, de terminer dans les trois premiers ou d’éviter une relégation est généralement à l’origine de la violence des supporters», explique à l’AFP Toyin Ibitoye, ancien porte-parole des «Super Eagles», la sélection nationale.

Selon lui, certains clubs soutiennent tacitement la violence des supporters, qui se sentent souvent en droit d’attaquer les joueurs et les dirigeants des équipes adverses en cas de résultat défavorable.

Mais ils ne sont pas les seuls à être en danger.

«Mago mago»

En mars 2022, les forces de sécurité ont dû tirer des gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de supporters en colère qui avaient envahi le terrain et semé le chaos après l’échec du Nigeria à se qualifier pour la Coupe du monde 2022.

«Nous ne voulons en aucun cas qu’un seul supporter soit blessé dans un stade», a déclaré le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, le moins dernier au Ghana.

«La violence et le hooliganisme ne sont pas aussi répandus» qu’on le pense, tempère à l’AFP Emeka Nwani, analyste pour une chaîne télévisée de sports.

En plus des violences, le football nigérian doit faire face au vieux fléau de la corruption des arbitres.

La Fédération nigériane (NFF) a envoyé fin avril une note de service très ferme à tous les arbitres de tous les niveaux avec un message clair: respectez «les principes d’équité, d’impartialité et de justice».

Les arbitres reconnus coupables de partialité ou de faute professionnelle pourraient être suspendus pour 10 ans et même être remis à la police pour «enquête complémentaire et poursuites», avertissait la note.

Pour de nombreux responsables de clubs, ce rappel à l’ordre était attendu depuis longtemps.

«C’est comme cela que l’on mettra fin au ”mago mago”», estime un responsable de club du sud-ouest du Nigeria, en référence à un argot local qui désigne la manipulation ou le jeu déloyal.

«Sanctions cosmétiques»

S’agissant des violences, malgré les amendes et les interdictions de stade, les sanctions sont souvent considérées comme cosmétiques.

Une amende de six millions de nairas (environ 3.740 dollars) a été infligée au Nasarawa United après l’agression de Vincent Temitope et le club a dû disputer ses derniers matches de la saison à domicile dans l’État voisin de Gombe.

«La meilleure sanction, selon moi, outre l’interdiction des supporters ou l’exclusion du club de son stade, est le retrait de points», suggère Emeka Nwani.

«Renforcez la sécurité dans les stades», propose de son côté Toyin Ibitoye.

«Installez davantage de caméras de surveillance afin de pouvoir identifier les auteurs de ces actes. Et lorsque nous serons en mesure de les identifier, faites-en un exemple afin que cela serve de leçon aux autres», insiste-t-il.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/05/2025 à 07h58